Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme sur la situation carcérale au Bénin. Dans un rapport accablant publié le 1er août 2024, l’ONG dévoile les résultats d’une enquête d’un an menée dans les onze prisons du pays. Avec un accès inédit aux établissements et aux témoignages des détenus et des gardiens, Amnesty International dénonce une situation carcérale critique.
Surpopulation dans les prisons
Les prisons béninoises suffoquent sous le poids de la surpopulation et les conditions de détention y sont extrêmement difficiles. Les causes de la surpopulation carcérale au Bénin sont multiples. Une hausse des incarcérations, combinée à un manque de placements alternatifs et à une durée excessive de la détention provisoire, contribuent à engorger les prisons.
Les conséquences de cette surpopulation carcérale sont désastreuses. Les détenus sont entassés dans des cellules exiguës et insalubres, manquant souvent d’accès à l’eau potable, à une alimentation suffisante et à des soins médicaux adéquats. Cette promiscuité favorise la propagation des maladies infectieuses et aggrave les problèmes de santé préexistants. La dignité humaine est bafouée et les tensions sont exacerbées au sein des prisons.
Accès limité aux programmes de réinsertion
Au-delà des souffrances physiques, la surpopulation carcérale a également des effets néfastes sur la santé mentale des détenus. Le stress, l’anxiété et la dépression sont monnaie courante dans ces conditions de vie déplorables. L’accès limité aux programmes de réinsertion et d’éducation est un autre facteur préoccupant. Sans perspectives d’avenir, le risque de récidive est accru et le cercle vicieux de l’incarcération se perpétue.
La situation actuelle remet en cause le rôle des prisons et leur capacité à réhabiliter les détenus. D’autant qu’il a été indiqué qu’une prison surpeuplée devient un lieu de souffrance et de désespoir, nuisant davantage à la société qu’elle ne la protège. Amnesty International exhorte les autorités béninoises à prendre des mesures urgentes pour remédier à la surpopulation carcérale
Patrice Talon réagit
L’ONG préconise notamment une réduction du recours à la détention provisoire, un renforcement du système judiciaire pour accélérer les procédures, l’exploration de peines alternatives à l’incarcération. Amnesty International appelle également à l’amélioration des conditions de détention dans les prisons béninoises. Amnesty International insiste sur le fait que le respect des droits fondamentaux des détenus ne relève pas seulement d’une obligation légale, mais aussi d’un impératif humanitaire.
Cet appel d’Amnesty International n’est visiblement pas tombé dans l’oreille d’un sourd. En effet, le même jour de la publication du rapport, le Président béninois, Patrice Talon, a posé un acte fort. Le chef de l’Etat a saisi l’opportunité de la célébration du 64e anniversaire de l’indépendance du Bénin pour gracier 464 prisonniers, dont des personnes condamnées dans le dossier des violences électorales de 2021.