Al-Qaïda a annoncé mercredi avoir exécuté les deux diplomates algériens enlevés le 21 juillet dernier à Bagdad. Le groupe d’Abou Moussab al Zarqaoui avait averti la veille que son « tribunal islamique » les avaient condamnés à mort. En plus de l’accusation classique de « soutien aux juifs et aux chrétiens en Irak », portée contre l’Egyptien Ihab al-Chérif lors de son assassinat, le 7 juillet dernier, le communiqué reproche à Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi « l’effusion du sang des musulmans » dans la décennie 90 en Algérie.
Le groupe terroriste d’Abou Moussab al Zarqaoui a annoncé mercredi avoir assassiné le chargé d’affaires Ali Belaroussi, 62 ans, proche de la retraite, et son adjoint Azzedine Belkadi, 47 ans, deux diplomates algériens kidnappés le 21 juillet dernier à Bagdad. « Vos frères dans la branche militaire de l’Organisation Al-Qaïda en Mésopotamie ont procédé mercredi 27 juillet à l’application du verdict du tribunal islamique », indique le communiqué. La veille, le groupe terroriste avait diffusé sur Internet un enregistrement de moins d’une minute des deux hommes, les yeux bandés, déclinant leur identité, âge, fonction et adresse, en même temps qu’il publiait un communiqué annonçant leur condamnation à mort.
« Ce sont deux émissaires de l’Etat algérien, qui n’applique pas la charia et qui s’est allié aux juifs et aux chrétiens. Il les a envoyés pour soutenir les bases des juifs et des chrétiens en Mésopotamie », précise le texte. Le même procédé avait été utilisé et les mêmes motifs invoqués lors de l’assassinat, le 7 juillet dernier, du diplomate égyptien Ihab al-Chérif. « Ce sera le sort des autres diplomates et représentants du reste des gouvernements infidèles», indiquait mardi dernier le communiqué du groupe terroriste, qui assimile toute représentation diplomatique à Bagdad à une caution au nouveau régime.
« Nous n’oublierons jamais l’effusion du sang des musulmans »…
Mardi, les autorités algériennes ne voulaient pourtant retenir que la preuve de la bonne santé des diplomates algériens. « Tout est possible maintenant que nous savons qu’ils sont vivants », a confié une source proche du dossier au quotidien algérien El Watan. Le gouvernement a mis « tous les moyens pour récupérer sains et saufs » les deux diplomates, a expliqué à la radio nationale l’ex ministre des Affaires étrangères et actuel représentant personnel du Président Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, précisant que les contacts ne se limitaient pas « aux canaux diplomatiques ». « Rien n’explique cet enlèvement et rien n’expliquerait que l’on puisse intenter à leur vie (…) Le peuple algérien a toujours soutenu le peuple irakien dans son unité, dans son intégrité territoriale et sa souveraineté sur son pays », a-t-il ajouté, espérant que « les appels faits par le peuple algérien puissent aider à ramener les deux diplomates à leurs familles ».
C’est peut-être pourquoi, en plus des accusations classiques de « soutien aux juifs et aux chrétiens », exprimées par Al Qaïda contre ses victimes, le communiqué n’hésite pas à légitimer l’assassinat des deux diplomates par l’assassinat d’autres musulmans durant la décennie 1990 en Algérie. « Nous n’oublierons jamais l’effusion du sang des musulmans, les meurtres et les destructions », affirme le groupe terroriste, avant d’assurer qu’Azzedine Belkadi était membre des services de renseignements algériens et qu’il a « participé aux massacres de Raïs et Bentalha, qui ont fait des centaines de victimes parmi les enfants du peuple musulman algérien et qui ont été alors attribués aux moudjahidine. »
Les localités de Raïs et de Benthala, proches d’Alger, ont été l’objet en 1996 d’attaques meurtrières imputées aux terroristes islamistes par les autorités algériennes, mais attribuées aux services de renseignements par les islamistes. Les circonstances troubles dans lesquelles elles s’étaient déroulées avaient fait s’interroger certaines organisations internationales, telles Amnesty international, qui avaient posé la question « Qui tue qui ? ». Lundi, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, Algérie) a « félicité chaleureusement » Al Qaïda, auquel il est affilié, pour sa prise. Selon El Watan, il demandait au groupe d’Abou Moussab Al Zarqaoui d’interroger les deux otages, tout en leur fournissant des « motifs » pour les exécuter.