Al-Qaeda frappe l’Egypte et l’Algérie


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Drapeau de l'Egypte
Drapeau de l'Egypte

Les attentats de la nuit du 22 au 23 juillet 2005 à Charm El-Cheikh, sur la mer rouge, ont tué au moins 88 personnes et fait 200 blessés. Cette attaque survient après l’assassinat à Bagdad du représentant égyptien et l’enlèvement, le jeudi 22 juillet, de deux hauts diplomates algériens. Les pays arabes modérés semblent être désormais une cible pour Al-Qaeda. Analyse.

La station de Charm El-Cheikh, sur la mer Rouge, est l’une des premières destinations touristiques égyptiennes : endeuillée il y a quelques années par le crash d’un avion de ligne qui y transportait des touristes, elle a été ébranlée dans la nuit de vendredi à samedi par trois explosions très importantes, touchant notamment le Vieux Marché de Charm El-Cheikh.

88 morts et environ 200 blessés

Le bilan provisoire de ces attentats revendiqués par « les brigades Abdullah Al-Azzam de l’Organisation Al-Qaeda au Levant et en Egypte » s’élève déjà à 88 morts et 200 blessés -parmi lesquels quelques uns sont grièvement atteints. « Vos frères ont réussi une attaque foudroyante contre les Croisés, les sionistes et le régime égyptien renégat… » C’est par ces mots que l’organisation terroriste salue la boucherie perpétrée : rhétorique militaire absurde pour fêter la mort de dizaines de civils égyptiens innocents frappés dans leur vie quotidienne.

Tuer des Egyptiens !

Les victimes sont en effet pour l’essentiel égyptiennes : employés d’hôtel, commerçants, chauffeurs de taxis, passants… Même si une dizaine de touristes étrangers ont pu être identifiés. C’est bien l’Egypte qu’Al-Qaeda veut frapper, l’Egypte en tant qu’elle est un pays arabe modéré, ouvert au dialogue avec les pays occidentaux, pratiquant une diplomatie de paix, au cœur d’un affrontement dont Al-Qaeda joue la radicalisation. D’où cette volonté manifeste de tuer des Egyptiens.

C’est en ce sens que le président égyptien Hosni Moubarak, dans une conférence de presse retransmise en direct par de nombreuses télévisions arabes, a réaffirmé clairement : « Les forces du terrorisme n’empêcheront pas l’Egypte d’atteindre le développement et nous ne permettrons à personne de menacer la stabilité du pays. » Evoquer l’enjeu du « développement », c’est marquer le fait qu’en frappant une station touristique, Al-Qaeda fragilise directement l’essor touristique de l’Egypte, qui constitue l’une des premières sources de revenus du pays.

L’Algérie : première cible arabe d’Al-Qaeda

Cet attentat n’est pas sans rappeler la décennie noire des années 1990 en Algérie, au cours de laquelle le terrorisme islamiste international fit ses premières armes en massacrant des dizaines de milliers d’Algériens, victimes innocentes d’un long bras de fer avec le pouvoir en place, à l’issue duquel la mouvance islamiste radicale espérait prendre le contrôle des institutions. Même effets prévisibles de coupure du pays de la communauté internationale, mêmes enjeux économiques et politiques d’isolement d’un pays arabe modéré par la déstabilisation et la fragilisation de ses institutions publiques. L’enlèvement jeudi à Bagdad de deux hauts diplomates algériens en poste en Irak Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, a montré qu’Al-Qaeda considérait toujours l’Algérie comme une de ses cibles.

L’Egypte est-elle à l’abri d’une dérive terroriste tragique à l’algérienne ? Ce n’est pas certain. La stratégie de radicalisation du conflit entre Al-Qaeda et l’Occident passe en effet par une plus large implication des populations arabes, que l’organisation terroriste veut enrôler, de gré ou de force, fût-ce contre l’action de leurs propres gouvernements et contre leurs intérêts matériels immédiats…

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