De son vrai nom Alioune Badara Thiam, le rappeur et producteur de musique Akon, vient d’achever sa tournée en Afrique après avoir visité une dizaine de pays pour présenter son projet d’électrification rurale : Akon Lighting africa. Actuellement au Sénégal, après avoir effectué une tournée africaine, il présente à Afrik.com son projet. Contacté par téléphone, c’est en wolof (langue la plus parlée au Sénégal) qu’il nous a accordé cet entretien. Interview.
Loin du phaste et des paillettes, contre toute attente, c’est un Akon très timide, voir réservé, à la voix douce et posée, qui se révèle au téléphone. On connait surtout Akon ou Alioune Badara Thiam dans l’univers de la musique, notamment du rap et du hip-hop. Mais derrière sa corde musicale, c’est aussi un grand entrepreneur, qui souhaite apporter sa contribution au développement de l’Afrique. À travers son projet Akon Ligthting Africa, il souhaite électrifier le continent grâce notamment à l’énergie solaire. Le célèbre rappeur qui s’est fait un nom aux Etats-Unis mais aussi à l’international, revient tout juste de sa tournée d’une dizaine de pays africains. Il l’a entamé le 24 juillet lors du Global Entrepreneurship Summit, qui a traversé le Kenya, le Rwanda, le Congo-Brazzaville, le Nigeria, le Niger et le Bénin, échangeant avec des agences locales en charge de l’électrification rurale pour identifier les possibilités de déploiement des solutions solaires. Une tournée qu’il a achevée au Bénin, pour poser les premiers jalons de son initiative. Il était accompagné de ses principaux partenaires l’entrepreneur Thione Niang, et de Samba Bathily, PDG de la société Solektra international. Au Bénin, la société a déjà installé 1 500 lampadaires solaires et 2 200 kits solaires, suite à un appel d’offre remporté, il y a quelques mois, ciblant un total de 124 localités.
Afrik.com : Comment s’est déroulée votre tournée en Afrique ?
Akon : La tournée s’est très bien passée, je me suis rendu dans de nombreux pays d’Afrique : au Bénin, en Guinée, mais aussi en Côte d’ivoire, en Guinée Bissau… Nous voulons démocratiser l’accès à l’électricité surtout dans les régions les plus reculées en Afrique, notamment au sein des villages où parfois il n’y a pas du tout d’électricité. Nous nous sommes en effet rendu compte que les populations de ces zones étaient les plus en difficultés pour bénéficier de l’électricité.
Concrètement, quelles sont les ambitions de Akon Lighting Africa ?
Akon Lighting Africa est un projet qui a pour objectif d’accompagner le développement de l’Afrique. Nous sommes persuadés que c’est grâce à l’accès à l’énergie que le continent pourra rapidement se transformer en profondeur. Je fais partie des personnes qui pensent que ce sont aux enfants d’Afrique de développer leur continent. Personne ne le fera à leur place. Tout comme les citoyens américains ont développé leur pays, l’Afrique aussi doit pouvoir compter sur ses citoyens pour se développer. En tant qu’Africain, il était important pour moi que je revienne vers mon continent pour apporter aussi ma contribution. C’est ce que je tente de faire à travers ce projet.
Electrifier l’Afrique et notamment les zones reculées n’est pas une mince affaire. ?Quelle est votre stratégie pour atteindre cet objectif ?
Nous sommes entourés de partenaires, qui sont les meilleurs dans le monde entier, tels que nos partenaires africains, mais aussi de la Chine, ou encore des pays européens. Nous proposons une électricité d’origine solaire, qui peut connecter toutes sortes d’appareils, que ce soit les téléphones pour communiquer, les réfrigérateurs pour conserver la nourriture, ou encore des ordinateurs. D’ailleurs, à Cotonou, nous avons présenté ce nouveau projet qui a pour objectif de fournir des tablettes d’apprentissage et de mettre en place des classes intelligentes destinées aux étudiants. Nous voulons aussi développer l’éducation en Afrique à travers ce projet.
Comment est né Akon Lighting ?
Aux Etats-Unis, nous sommes assis autour d’une table avec mes deux principaux partenaires, Thione Niang et Samba Bathily. Et nous nous sommes demandé comment on pouvait apporter notre part à l’édifice pour développer l’Afrique. On s’est dit que se lancer dans un tel projet pour électrifier l’Afrique pourrait changer la vie de beaucoup de personnes, notamment des jeunes. On s’est dit qu’il ne faut plus que le vendeur de mangues en Afrique vende dans le noir, que les hôpitaux connaissent des coupures de courant, que les enfants étudient dans le noir. Tout cela ne doit plus arriver en Afrique.
Avez-vous fixé une date précise pour permettre à tous ces pays africains d’accéder à l’électricité ?
Pour le moment, nous ne pouvons pas donner de date précise, car il y a encore beaucoup à faire. Mais nous sommes déjà présents concrètement dans 14 pays à commencer par le Sénégal, mon pays d’origine.
Allez-vous mettre votre carrière d’artiste entre parenthèses pour vous consacrer entièrement à ce projet ?
Non, je continue toujours la musique. Mon prochain album d’ailleurs sort au mois de décembre. Il s’appelle Stadium et parlera beaucoup de musique.
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