Aïssa Maïga incarne l’un des personnages principaux du deuxième long métrage de Raphaël Fejtö L’Age d’homme…maintenant ou jamais. En interprétant Tina, la petite amie du héros auquel Romain Duris prête ses traits, la comédienne accède à un rôle qu’elle espérait voir apparaître dans sa filmographie. Un rôle où son seul talent d’actrice compte et où sa couleur de peau n’est pas le critère déterminant de sa composition.
« J’ai une palette de jeu aussi riche qu’une actrice blanche. Partant de là, je peux tout jouer : je ne suis pas juste une sans-papier », confiait Aïssa Maïga à Afrik.com en 2005 à propos des acteurs noirs qui étaient cantonnés dans les mêmes rôles en France. L’actrice française souhaitait une révolution. Elle est presque arrivée. Elle porte un titre : L’Age d’homme… maintenant ou jamais, sorti en salle ce mercredi. Le film est le récit des tribulations d’un jeune trentenaire, Samuel (Romain Duris) qui a 24 heures pour décider de s’engager réellement auprès de celle avec qui il vit depuis un an, Tina, interprétée par Aïssa Maïga. En lui offrant l’un des rôles principaux de sa comédie romantique, Raphaël Fejtö lui donne ainsi l’opportunité qu’elle attendait depuis ses débuts dans le cinéma français avec Saraka Bô. S’exprimer comme une actrice tout court, sans connotation ni de race ni de couleur. Pari réussi. Tina, une belle et pétillante photographe quasi parfaite sous tous rapports, n’est bien évidemment pas le rôle de sa vie. Mais il restera certainement l’un des plus symboliques parce qu’il est le premier long-métrage français grand public, contrairement à Jonas et Lila, à demain, où elle tient un premier rôle. Les Poupées Russes (2005) de Cédric Klapish et L’Un reste, l’autre part (2005) de Claude Berri, entre autres, en étaient les heureux prémices.
Une actrice persévérante
L’Age d’homme… maintenant ou jamais constitue également, à son échelle, une petite révolution socioculturelle. Depuis Romuald et Juliette de Coline Serreau, qui en était déjà une dans le Septième Art français, on n’avait plus vu de couple mixte comme le remarque si bien une cinéphile rencontrée en salle ce mercredi. « C’est rare de voir des couples mixtes au cinéma. Je suis venue voir le film aussi bien pour Aïssa Maïga que pour Romain Duris et le sujet qu’il aborde ». Et ça tombe bien car la comédienne s’en sort très bien dans le registre qui lui est offert. Son interprétation est juste et sans pesanteur à l’instar de cette comédie romantique très légère où Fejtö va encore plus loin que son aînée. Lui-même de père hongrois, le réalisteur est le reflet d’une jeunesse qui a appris à vivre dans une France multiethnique et qui s’en accommode aisément. Normal donc que le personnage de Tina soit libéré de toute origine socio-ethnique là où Serreau confrontait deux mondes diamétralement opposés : celui du PDG, alias Daniel Auteuil, et celui de la femme de ménage incarnée par Firmine Richard.
Pour ce film, Raphaël Fejtö a de nouveau fait appel aux joyeux comparses de sa première oeuvre, Osmose (2004). Une bande que vient agrémenter la charmante Aïssa Maïga qui s’impose tout doucement dans l’univers cinématographique français. Il voyait d’ailleurs en elle lors de la dernière cérémonie des César une potentielle récipiendaire de celui du Meilleur espoir féminin pour son interprétation de Melé dans Bamako (2006) d’Abderrahmane Sissako. Reste à espérer que l’essai sera transformé et que, outre « les grandes comédies à la Woody Allen », ce « vrai rôle dramatique comme a pu en avoir Adjani, Binoche, Charlize Theron » dont l’actrice rêve n’est plus très loin.
L’Age d’homme… maintenant ou jamais de Raphael Fejtö
Avec Romain Duris, Aïssa Maïga, Clément Sibony et
Rachid Djaïdani
Durée : 1h 28min.
Sortie nationale : 12 septembre 2007