Air France a repris les vols vers l’Algérie samedi matin après huit ans d’embargo sur cette destination. La compagnie française compte bien se faire une place sur ce marché qui a connu une forte expansion. Toutefois elle devra compter avec les autres transporteurs qui se sont implantés sur le marché pendant son absence.
Air France retrouve la destination d’Alger, pour la première fois depuis huit ans. Samedi matin, un premier avion de la compagnie a décollé d’Orly pour rejoindre l’aéroport Houari Boumediène, marquant la reprise des vols sur un marché en pleine expansion. Depuis 1994, date de la prise d’otage d’un de ses airbus par quatre hommes se réclamant du Groupe Islamique armé (GIA), l’embargo aérien, décidé pour des raisons de sécurité, a permis à de nombreuses compagnies concurrentes de s’engouffrer dans la brèche.
Une forte demande
En 1994, le nombre de passagers ayant transité par avion entre la France et l’Algérie s’élevait à 1.24 million. En 2002, ils étaient 1.9 million, soit une augmentation de 53% du trafic entre les deux destinations, selon les chiffres de la Délégation générale de l’aviation civile. » La demande est relativement importante pour l’Algérie. Or il semble que ce qui est proposé par nos concurrents ne suffise pas à la satisfaire « , déclare-t-on au siège de la compagnie française. Jusque là, seules Air Algérie et Aigle Azur assuraient les liaisons Paris-Alger. Avec la faillite de Khalifa Airways et la disparition d’Air Libérté en 2003, Air France espère en effet récupérer d’importantes parts de marché.
Mais son retour ne semble pas inquiéter ses principaux concurrents. » Les lignes demeurent assez rentables mais elles le sont beaucoup moins qu’il y a dix ans en raison du nombre d’exploitants qui a augmenté. Le marché reste toutefois assez vaste pour que tout le monde y trouve son compte, déclare à Afrik Aberrahmane Doulache, directeur de la communication d’Aigle Azur, la concurrence se jouera sur les prestations que chaque compagnie pourra proposer. » Une compagnie comme Air Littoral l’a bien compris et joue la carte de la complémentarité face à la nouvelle venue. Elle est la seule à offrir des vols vers l’Algérie au départ des villes de provinces françaises.
Une affaire diplomatique
L’offre d’Air France est pour l’instant fixée à deux fréquences quotidiennes entre Paris et Alger, et une fréquence quotidienne entre Marseille et Alger, avec des Airbus A320 de 160 places. La compagnie n’a pas communiqué de prévisions de trafic mais assure qu’il devrait être » économiquement satisfaisant « . Certains analystes affirment de leur côté que l’affaire est moins commerciale que politique. » Air France y va à reculons. C’est l’Etat qui l’y pousse « , estime l’un d’eux. La France ne pouvait plus bouder l’Algérie, et même si la rentabilité n’est pas au rendez-vous, le symbole, lui, est important.