Air Afrique échappe à la liquidation. Soulagement chez les syndicats, suite à la réunion des chefs d’Etats qui ont décidé de recapitaliser la compagnie. Tout n’est pourtant pas gagné.
« Nous sommes heureux de constater qu’il y a eu convergence de vues entre nous – les syndicats – et nos dirigeants sur le maintien de l’outil Air Afrique », note Bakary Bamba, secrétaire général du Syndicat des travailleurs des compagnies de navigation aérienne en Côte d’Ivoire. « Nous ne souhaitons pas uniquement sauvegarder nos emplois, nous voulons surtout qu’Air Afrique, symbole d’intégration et de coopération exemplaire, soit sauvée », poursuit-il. Il peut être rassuré, du moins pour un temps.
Air Afrique continuera à sillonner le ciel africain et le soulagement est au rendez-vous chez les travailleurs, après quatorze semaines d’une restructuration qui a vu partir au chômage technique près de 2 000 des 4 200 employés de la compagnie. Les présidents et ministres des Etats membres de la compagnie se sont réunis mercredi 13 à Abidjan. Une rencontre au sommet qualifiée de « dernière chance » pour sauver la multinationale. Celle-ci, qui connaît une grave crise financière depuis 1993, est passée à côté de la liquidation pure et simple. Pour éviter cette solution, les pays ont décidé de mettre la main à la poche et d’éponger la dette d’Air Afrique.
Serpent de mer
Selon l’administrateur provisoire de la compagnie, l’Américain Jeffrey Erickson, il faudrait une recapitalisation de 98 milliards de FCFA. Comment les Etats membres comptent-ils rassembler une telle somme ? C’est bien là le noeud du problème. Au-delà des déclarations d’intention, Air Afrique a besoin d’argent frais.
De plus, le montant de la dette, estimé à plus de 332 milliards de FCFA ,est qualifié par certains de « serpent de mer » car on ne peut l’attraper… »Je suis opposé à la recherche d’une solution de financement tant que nous n’avons pas constitué une équipe sérieuse pour parler de cette dette dont on ne connaît même pas le montant exact », explique Bamba Bakary.
Il est question qu’une coopération plus étroite soit établie avec la compagnie française Air France, qui détient 11,84% du capital d’Air Afrique. Quant aux rumeurs selon lesquelles les travailleurs de la multinationale sont prêts à accepter une amputation de leurs salaires pour remettre Air Afrique à flots, Bambara Bakary ne peut retenir un rire sonore : « Comment voulez-vous réduire ce qu’on n’a pas ? Je n’ai pas touché mon salaire ni du mois d’avril ni du mois de mai ! ». L’avis de tempête n’est toujours pas levé.