Après des années de malversations, de scandales et de négligences, Air Afrique dépose le bilan. Les dirigeants et les représentants des pays actionnaires se sont réunis la semaine dernière, à Abidjan, pour enterrer la compagnie. Les 4200 employés sont désemparés, mais ne désarment pas.
C’est au très prestigieux hôtel Ivoire, à Abidjan (Côte d’Ivoire), que les dirigeants d’Air Afrique et les représentants des onze pays actionnaires se sont réunis pour décider du sort de la compagnie aérienne. Après des années de gestion frauduleuse et de négligence, l’annonce publique du dépôt de bilan arrive comme un coup de grâce. La cessation d’activité devrait avoir lieu entre le 28 et le 31 janvier. C’est fini. Fini le temps où les officiels pouvaient parcourir le monde à crédit sur les lignes d’Air Afrique. Après avoir l’avoir creusé de notes impayées et » d’extras » divers, personne ne souhaite renflouer ce gouffre financier fort d’une dette de 510 millions d’euros.
Devant l’hôtel, les représentants de l’intersyndicale des 4 200 employés d’Air Afrique attendaient. Le couperet est tombé sans surprise. Après la déception, c’est plutôt l’incertitude, l’angoisse, qui habite à présent ces licenciés en sursis.
Un plan social inexistant
» Nous sommes désemparés. C’est la désolation ! On ne sait rien du tout « , s’écrie une employée de l’agence d’Abidjan. La législation en matière de droit du travail des onze pays concernés ne peut pas leur venir en aide. Adote Akwei, secrétaire général de IFTAA, l’intersyndicale des travailleurs, exige, eu égard au statut de multinationale de la compagnie, la négociation d’indemnisations aux travailleurs licenciés et une aide au reclassement. En trois jours pourtant, les acteurs de la réunion d’Abidjan n’ont pas trouvé le temps d’évoquer les modalités d’un plan social.
Le mirage de la nouvelle Air Afrique
Ilot d’espoir dans un océan de précarité, le lancement de la » Nouvelle Air Afrique « , décidé en août dernier en partenariat avec Air France, préfigurait un possible reclassement. Mais à Abidjan, les relations entre Air France et les dirigeants africains ont connu quelques turbulences. La plupart des Etats membres ont décidé de relancer ou de créer avec des aides extérieures leurs propres compagnies et » n’ont plus rien à f… d’Air Afrique « , confiait l’un des négociateurs à l’Afp. Résultat : l’exclusivité des droits de vol n’a pas été accordée à la nouvelle compagnie. Dans ces conditions, Air France pourrait se retirer du marché.
Laurent Gbagbo a donc conclu la conférence en faisant savoir que si Air France se repliait, il trouverait d’autres partenaires. C’est possible. Mais ce qui est sûr, c’est que si dans quinze jours aucune proposition ne leur ait faite, les employés d’Air Afrique déclenchent une grève générale du personnel au sol, dans toute l’Afrique.