Aux Jeux Olympiques, les athlètes africains réalisent traditionnellement une moisson de médailles dans les épreuves de fond et de demi-fond. Au vu des résultats qu’ils ont obtenu en 2004, ils ne devraient pas déroger à la règle lors des JO d’Athènes, qui se déroulent du 13 au 29 août. Si les athlètes d’Afrique du Nord connaissent depuis quelques années une baisse de forme, Kenyans et Ethiopiens se montrent toujours aussi intraitables sur la scène mondiale.
Depuis 1906, date de la première participation d’un pays africain aux Jeux Olympiques, l’athlétisme a apporté au continent 141 médailles, dont 46 en or, 50 en argent et 45 en bronze. Dont une majorité dans les épreuves de demi-fond (800 à 3 000 m) et de fond (5 000 à 10 000 m). Cette année encore, les athlètes africains risquent de réaliser une véritable moisson de médailles sur ces épreuves. Notamment par le biais de l’Ethiopie et du Kenya, qui, au vu des résultats obtenus dans les meetings internationaux depuis le début de l’année, devraient à nouveau se partager les victoires à Athènes.
L’Algérie n’a pas encore trouvé de successeurs à Nourredine Morcelli, triple champion du monde et champion olympique en 1996, à Atlanta, sur 1 500 m, ni à la courageuse Hassiba Hassiba Boulmerka, également couronnée sur 1 500 m, en 1992, à Barcelone. Et le pieux Hicham El Guerrouj, qui avait pris la suite de Saïd Aouita (vainqueur du 5 000 m aux JO de Los Angeles, en 1984) dans le cœur des Marocains, n’est plus aussi dominateur qu’à ses débuts sur 1 500 m. Il s’est livré avec le Kenyan Bernard Lagat à un véritable bras de fer, juste avant la fin de la préparation à Athènes. Encore méconnaissable début juillet, et hésitant même à se présenter aux JO, le Marocain s’est retrouvé, à Zurich (6 août), où il a réalisé un temps canon… juste derrière Bernard Lagat.
Le 5 000 et le 10 000 pour l’Ethiopie
En 2004, les athlètes Ethiopiens ont ainsi fait main basse sur le 5 000 m. Ils ne sont pas moins de cinq à s’être classés parmi les dix meilleurs performeurs de l’année. A leur tête, l’extra-terrestre Kenenisa Bekele, qui a réalisé le 5 mai dernier le record mondial de la spécialité en 12’37 »35. L’autre prodige africain, le Kenyan Eliud Kipchoge, qui a réalisé la deuxième meilleure performance de l’année (12’46 »53), sera peut-être un peu juste pour lui faire de l’ombre. A moins que le mythique champion éthiopien Haile Gebresselassie ne décide de courir pour lui, à l’occasion de ses dernières olympiades, et ne fasse ainsi du tord à son jeune « élève » surdoué.
Comme sur le 5 000, les Ethiopiens n’ont laissé cette année que des miettes à leurs adversaires, sur 10 000 m. Comme sur le 5 000, Kenenisa Bekele a amélioré le record du monde de la distance, à 26’20 »31, lors du meeting d’Ostrava (Pays-Bas), le 8 juin dernier. Mais si un Kenyan a réussi sur 5 000 m à se glisser dans les trois meilleurs performeurs de l’année, ils sont sur le 10 000 m trois Ethiopiens – Kenenisa Bekele, Sileshi Sihine et Haile Gebresselassie – à se partager les lauriers.
Chez les femmes, l’Ethiopie aurait également pu s’assurer d’un titre sur le 5 000 m. Elles sont en effet sept Ethiopiennes à s’être classées parmi les dix meilleurs performeurs de l’année. Mais celle qui s’est montrée cette année la plus compétitive, Elvan Abeylegesse, a acquis la nationalité turque. Tirunesh Dibaba et Adere Berhane, entre autres, constitueront néanmoins de bonnes chances de médailles pour le pays d’Afrique de l’Est. De même que Derartu Tulu, sur 10 000 m, qui fut la première femme d’Afrique subsaharienne à remporter l’or olympique, en 1992, à Barcelone. La petite Ethiopienne, qui a réédité son exploit en 2 000, à Sydney (elle fut 4è à Atlanta, 1996), est également la première femme à avoir remporté deux fois l’or olympique sur une épreuve de fond. Cette année, elle a réalisé la troisième meilleure performance de l’année, derrière la Britannique Paula Radcliff et sa compatriote Ejegayehu Dibaba, qui l’avait battue à Barakaldo, le 10 juillet dernier.
Ramener l’or de Marathon
Pour le Kenya, ce sera plus long, avec le marathon, ou plus « éprouvant », avec le steeple (3 000 m steeple-chase). Dans le « Top 10 » de cette dernière épreuve, les athlètes kenyans n’ont fait cette année qu’une place au Qatari Saif Saaeed Shaeen et au Marocain Ali Ezzine. Ils se sont assurés la victoire dans 3 des 4 meetings de la Golden League déjà courus, terminant souvent entre trois et quatre aux premières places. Cette prééminence, les Kenyans ne la retrouvent pas chez les femmes, où la Russe Gulnara Samitova a écrasé la concurrence, cette année, en mettant le record du monde à 9’01’59. C’est-à-dire à près de 28 secondes de toute autre performance réalisée en 2004.
Sur le marathon, les Kenyans se sont montrés cette année aussi impressionnants chez les hommes que chez les femmes. Ils ont signé deux doublés retentissants, l’un à Londres, le 18 avril, par Evans Rutto et Margaret Okayo, et l’autre à Boston, un jour plus tard, par Catherine Ndereba et Timothy Cherigat. Frederic Cherono l’a également emporté à Turin (18 avril), Felix Limo à Rotterdam (4 avril), Salina Kosgei à Paris (4 avril) et David Kipkorir à Naples (9 mai), pour ne citer que ces succès. Mais le marathon comporte plus d’imprévu que toute autre course sur piste, et les challengers sont nombreux dans la discipline. Ils le sont notamment en Afrique, où il faudra également compter avec l’Ethiopien Ambesse Tolosa, vainqueur à Paris, sa compatriote Leila Aman, victorieuse à Prague (25 mai), ou encore avec la Marocaine Zhor El Kamch, qui s’est imposée à Rotterdam.