Aigle Azur fonce sur l’Algérie


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Dominique Mersch

La compagnie française Aigle Azur a commencé à voler vers l’Algérie à la mi-juin 2003. Depuis, elle offre 6 lignes régulières sur le Nord du pays, avec de nombreux départs régionaux depuis la France, et dessert le grand Sud pendant l’hiver. Interview de Dominique Mersch, son directeur commercial, rencontré lors du dernier Salon international du tourisme et des voyages (Sitev, Alger, 16-20 mai).

Aigle Azur, compagnie française créée en 1946, a été rachetée en 2001 par le groupe GoFast, alors qu’elle était en très mauvaise santé financière. Elle a aujourd’hui à sa tête le Franco-algérien Arezki Idjerouidène qui a su rétablir une situation économique viable. Alors qu’elle se limitait à l’activité de charter dans le bassin méditerranéen, Aigle Azur a ouvert des lignes régulières sur l’Algérie, à partir de juin 2003. Elle est aujourd’hui l’une des trois compagnies à desservir ce pays, avec Air Algérie et Air France. Elle emploie quelque 350 personnes, et a fait passer son chiffre d’affaires de 9 millions d’euros fin 2001 à 36 millions d’euros sur 15 mois, en 2002-2003. La société avait installé son stand bleu et blanc au 7e Salon international du tourisme et des voyages (Sitev 2005->8404), qui a eu lieu du 16 au 20 mai, à Alger. Nous y avons rencontré Dominique Mersch, son directeur commercial.

Afrik.com : Comment s’est passé pour vous le 7e Sitev ?

Dominique Mersch : Nous avons senti, en ce qui concerne le tourisme en Algérie, une forte demande pour les destinations du grand Sud, comme Tamanrasset et Djanet, et moins d’intérêt pour les villes du Nord. Le Sitev nous a permis de nouer de nombreux contacts avec les exposants, ce qui est très intéressant pour nous.

Combien de personnes ont volé avec Aigle Azur vers l’Algérie en 2004 ?

Nous avons transporté 450 000 clients en Algérie. Nous sommes partis de zéro, avec notre premier vol régulier Paris-Alger lancé à la mi-juin 2003. Nous avons à présent six lignes régulières sur le Nord : Alger (deux vols par jour), Oran (un vol par jour), et plusieurs vols par semaine sur Tlemcen, Béjaïa, Constantine et Annaba.

Qu’en est-il du Sud ?

Nous desservons Tamanrasset et Djanet, d’octobre à mai. Ces destinations sont importantes car le Sud est une région magnifique et méconnue. En 2002, nous avions déjà lancé un vol par semaine sur ces villes, qui avait remporté un vif succès. L’histoire des otages du Sahara a affecté l’année 2003, les tours opérateurs ne souhaitant plus programmer la destination. Mais en 2004, j’ai voulu prendre le risque de la faire repartir. Il fallait retenter l’aventure et nous avons eu raison : ça a été un plein succès. Nous avons accueilli plus de 1 200 passagers pour la période. Nous travaillons avec des agences comme Terre d’Aventure, Déserts du monde, Nomades.

Vous faites aussi de nombreux départs régionaux en France…

Ces liaisons ont d’excellents résultats, comme le Lille-Alger ou le Mulhouse-Constantine. Dans la région de Mulhouse, avec la présence des usines Peugeot de Sochaux, il y a une importante communauté maghrébine en activité ou en retraite, fortement originaire du Constantinois. C’est une ligne qui marche toute l’année. Nous avons aussi des départs de Toulouse, Marseille, Lyon et Bordeaux.

Quelle est l’état de votre flotte ?

Nous possédons 7 avions, dont 4 Airbus et 3 Boeing. Nous espérons être totalement Airbus d’ici quelques temps et augmenter notre flotte d’ici fin 2005-début 2006.

Vous vous préparez pour la prochaine période estivale, toujours très chargée ?

Oui ! À l’été 2004, nous avons dû faire voler deux avions supplémentaires d’autres compagnies aériennes sous notre pavillon. Cela ne devrait pas se reproduire cette année, nous sommes parés ! On observe que les départs sont toujours relativement étalés, la plupart des familles attendant les résultats scolaires de leurs enfants avant de partir en vacances, mais pour les retours, c’est le rush : tout le monde veut revenir à la même date, fin août !

Comment s’est faite l’installation d’Aigle Azur sur la destination Algérie ?

En décembre 1995, suite au détournement, en Algérie, d’un de ses avions, Air France a arrêté de façon immédiate son trafic avec le pays. Air Algérie s’est retrouvé dans une situation de monopole exceptionnel. Il y avait alors la possibilité pour une compagnie aérienne française de demander les droits de trafic pour rétablir un certain équilibre. C’est ce que nous avons fait, tout simplement.

Vous menez une politique commerciale spéciale ?

Les prix sont soumis à une réglementation internationale. Mais c’est assez ambigu car il existe des tarifs officiels qui doivent être respectés mais, d’un autre côté, vous avez toute latitude pour faire les promotions que vous voulez… Aigle Azur en fait d’ailleurs souvent ! Nous avons aussi des tarifs spéciaux pour les jeunes ou les seniors. Pour se démarquer des autres compagnies, alors que nous avons les mêmes temps de vol, les mêmes dessertes et sensiblement les mêmes tarifs, nous veillons à être très vigilant sur le respect des horaires. On ne l’est pas à 100% car il y a toujours des aléas, mais on essaie ! Autre chose : on ne surbooke pas nos vols et nos clients sont sensibles à ça. Quand vous avez acheté votre billet, vous être sûr de partir… Enfin, on offre le service, l’amabilité et la gentillesse, des choses simples mais qui font la différence. On est à l’écoute de nos clients âgés ou analphabètes, stressés à l’idée de prendre l’avion.

Quel est le profil de votre clientèle ?

Nous avons encore peu de touristes, sauf pour le Sud. Nous avons démarré avec une clientèle ethnique, notamment de Lille, Lyon ou Toulouse. Aujourd’hui, elle s’est diversifiée et ouverte à des responsables ou employés de PME-PMI. Des gens qui viennent travailler en Algérie, pour des missions, des chantiers… Ils ne font pas de bruit mais voyagent de façon régulière. Et puis, il y a les Pieds-noirs, qui reviennent en Algérie, surtout dans l’Oranais. Pour eux, les départs de Marseille et Toulouse marchent très bien. Nous faisons voler régulièrement des groupes.

Quel bilan tirez-vous de cette destination Algérie ?

On ne s’est pas trompés. Il y avait réellement un créneau à prendre pour une compagnie française. La situation, en Algérie, se stabilise. Les familles immigrées reviennent, il y a un vrai redémarrage du trafic vers ce pays.

Quels sont les projets d’Aigle Azur ?

Nous avons une activité de charter dans le bassin méditerranéen, sur l’Egypte, le Maroc, la Tunisie, Malte, ou encore la Turquie. Nous prévoyons à présent d’ouvrir des lignes régulières : sur Marrakech, au Maroc, et sur Djerba, en Tunisie, en novembre prochain. Et, à l’été 2006, sur Oujda et Agadir au Maroc, ainsi que sur Hammamet et peut-être Tunis.

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