La Côte d’Ivoire sous perfusion financière de la communauté internationale. L’ONU, l’Union européenne (UE), la France, et la Banque mondiale ont promis de l’aider pour sa reconstruction. Le montant total de l’aide annoncée s’élève pour l’instant à plus de 860 millions d’euros. Une somme qui devrait servir divers objectifs.
Après avoir soutenu diplomatiquement et militairement Alassane Ouattara face à Laurent Gbagbo, on imaginait mal la communauté internationale ne pas aider financièrement le nouveau président de la République de Côte d’Ivoire. Une série de mesures et concertations indiquent qu’elle est bien décidée à soutenir le nouveau régime.
Le Fond monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont tenu leurs sessions de printemps ce week-end à Washington. La situation de la Côte d’Ivoire a été abordée lors des assemblées réunissant les deux institutions financières et la Banque africaine de développement (BAD). Les réunions ont coïncidé avec la réunion ministérielle du G20. Quelques hauts fonctionnaires ivoiriens dont le ministre des finances, Charles Koffi Diby, y ont participé. Il y a notamment été question de la situation financière du pays. Quelques jours auparavant, les trois institutions internationales, ainsi que l’ONU, l’UE et la France s’étaient déjà engagées à soutenir financièrement la Côte d’Ivoire.
Soutenir l’Etat Ivoirien et la relance économique
Le conseil d’administration de l’Agence française de développement, (AFD) a approuvé jeudi l’octroi d’un prêt de 350 millions d’euros pour redresser les finances publiques de la Côte d’Ivoire et relancer l’économie du pays. Cette aide permettra au gouvernement ivoirien d’Alassane Ouattara d’assurer ses obligations vis-à-vis de ses fonctionnaires et de financer les dépenses sociales d’urgences pour la population. Elle permettra aussi d’assurer la relance économique du pays en finançant d’importants travaux d’intérêt nationaux. A ce prêt, Paris accorde un autre prêt de 50 millions d’euros pour refinancer les arriérés (de la Côte d’Ivoire) à l’égard des institutions financières ».
La France va également fournir 2,5 millions d’euros d’aide humanitaire au profit de plusieurs organisations travaillant auprès des déplacés en Côte d’Ivoire et va participer à l’approvisionnement en eau et en médicaments. La ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a assuré mardi, dans un communiqué, « la Côte d’Ivoire du plein soutien de la France dans cette période de réconciliation et de reconstruction ». Quelques jours auparavant, l’Union européenne avait promis une aide de 180 millions d’euros pour soutenir la prospérité économique, garantir la stabilité politique, et aider à la reconstruction et la réconciliation nationale.
La crise politique qui a opposé le président sortant, Laurent Gbagbo, à son rival Alassane Ouattara a plongé le pays dans une profonde crise économique. L’interdiction par la communauté internationale d’exporter le cacao en provenance de la Côte d’Ivoire a privé le premier producteur mondial de cette fève de sa principale manne financière. L’Union européenne (UE) a levé le 8 avril ses sanctions contre les ports d’Abidjan et de San Pedro, trois jours avant l’arrestation de Laurent Gbagbo.
Développement économique et coopération régionale
La Banque mondiale a promis jeudi le déblocage de 100 millions de dollars pour assurer le développement à long terme du pays. Cette aide sera destinée par exemple à rétablir les réseaux d’approvisionnement et permettre aux établissements scolaires et médicaux de fonctionner de manière normale. Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a en outre appelé à apurer rapidement « les petits arriérés de paiement » de la Côte d’Ivoire « pour avancer avec une sorte de grand programme de prêt ». La Banque mondiale a publié dimanche un « rapport de développement » dont la Côte d’Ivoire pourrait être le premier à appliquer les recommandations. Elle s’est également dite disposée à coopérer avec des « partenaires régionaux », notamment la Banque africaine de développement (Bad), la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et l’Union africaine (UA). L’institution financière avait suspendu en décembre ses projets d’aide au développement pour la Côte d’Ivoire, qui incluait un allègement de la dette du pays.
Après le crise qui a secoué l’économie et fragilisé les bases démocratiques de la Côte d’Ivoire, le nouveau gouvernement d’Alassane Ouattara fait face à la délicate phase de reconstruction du pays et à une grave crise humanitaire.
Une aide humanitaire d’urgence
Aussi, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé ce lundi le lancement d’une «une opération de distribution de semences, d’engrais et d’outils agricoles à quelque 12 000 familles rurales en Côte d’Ivoire et au Liberia». Le Fond des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) va fournir 60 tonnes d’aide médicale, nutritionnelle, et de matériels d’éducation et d’assainissement.
Sur le plan financier, l’Onu a lancé jeudi un appel de plus de 300 millions de dollars pour la Côte d’Ivoire et le pays voisin, le Liberia, où plus de 130 000 Ivoiriens se sont réfugiés pour fuir les combats. Les 160 millions de dollars alloués à la Côte d’Ivoire fourniront des aliments, de l’eau et des soins médicaux à près de deux millions d’Ivoiriens, en particulier à Abidjan et dans l’Ouest du pays. Le coordinateur de l’ONU pour les questions humanitaires, Ndolamb Ngokwey, a déclaré que « la crise humanitaire n’est pas encore finie ». Il a assuré que les organisations humanitaires resteront « aussi longtemps que nécessaire », et qu’elles ne demandaient que « 74 dollars par personne touchée ».
La situation humanitaire en Côte d’Ivoire reste précaire. « La situation s’améliore quelque peu. La population commence à pouvoir s’approvisionner, mais pas encore dans toutes les communes de la ville. De nombreux malades et blessés ne peuvent toujours pas accéder à l’hôpital faute de sécurité et de moyens de transport. Les structures médicales qui fonctionnent sont débordées et manquent de matériel et de personnel. Et dans plusieurs quartiers, des cadavres jonchent encore les rues », déclarait vendredi Dominique Liengme, la chef de la délégation du Comité international de la croix rouge (CICR) à Abidjan.
L’arrestation du président sortant, Laurent Gbagbo, il y a une semaine n’a pas fait cesser les actes de violence dans le pays, notamment à Abidjan. Des combats à l’arme lourde et des pillages avaient encore lieu ces derniers jours dans la capitale économique. Le Conseil des droits de l’Homme de l’Onu a nommé mardi dernier trois experts chargés d’enquêter sur les crimes commis depuis le scrutin présidentiel de novembre 2010 qui a fait 800 morts et plus d’un million de déplacés selon l’ONU.