Les résultats du premier tour des élections législatives et municipales en Mauritanie divisent la classe politique. Alors que le parti du Président Ould Abdel Aziz remporte haut la main ce premier tour, d’après les résultats de la CENI, les 10 partis de l’opposition qui ont boycotté ces élections ne reconnaissent pas la victoire de l’UPR.
Le parti du Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, l’Union pour la République (UPR), a largement remporté le premier tour des élections législatives et municipales du 23 novembre. L’UPR remporte ainsi au premier tour 56 sièges sur les 147 que compte l’Assemblée nationale, soit 46%. L’opposition gagne seulement 19 sièges. Le parti islamiste Tewassoul en a obtenu 12, soit 10%, selon les résultats de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui annonce un taux de participation « record » de 75%. Trois autres partis de l’opposition arrivent derrière Tewassoul : El-Wiam, dirigé par d’anciens hauts responsables du régime de Maaouiya Ould Taya (1984-2005) obtient 8 sièges, l’Alliance populaire progressiste (APP) dirigé par le président sortant de l’Assemblée, Messaoud Ould Boulkheir, obtient 7 sièges et enfin l’Alliance pour la justice et la démocratie, mouvement pour la rénovation (AJD/MR), dirigé par le journaliste Ibrahima Moctar Sarr, candidat malheureux à la Présidentielle de 2009, gagne 4 sièges.
Les 34 sièges restants seront divisés entre quatorze petits partis de la majorité, ce qui viendra renforcer la majorité déjà très large dans la nouvelle Assemblée nationale. Un second tour est prévu samedi prochain, le 7 décembre, bien que cette date soit difficilement tenable selon des experts, pour renouveler 26 sièges dans 16 circonscriptions où l’UPR là aussi, a affiché les meilleurs résultats.
Le principal parti d’opposition, Rassemblement des forces démocratiques (RFD), dirigé par Ahmed Ould Daddah, ancien ministre des Finances (1978) et frère de l’ex-Président Mokhtar Ould Daddah, a boycotté ces élections et ne reconnaît pas les résultats de ce premier tour. « Nous sommes 10 partis de l’opposition à ne pas avoir participé, insiste Ahmed Ould Daddah. Nous tenions à ce qu’une plateforme transparente soit mise en place pour assurer le suivi des votes mais notre requête n’a reçu aucune réponse », confie-t-il à Afrik.com. Le RFD fait partie de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), qui rassemble 9 autres partis de l’opposition.
La Mauritanie, « un régime militaire »
Pourquoi ces 10 partis de l’opposition n’ont-ils pas participé à ces élections ? Pour Ould Daddah, pas question de donner du crédit à des élections qui, selon lui, sont falsifiées. « Nous estimons que participer aux élections équivaut à légitimer la fraude et l’inéquité, répond-il. Ces élections ne peuvent être ni honnêtes ni même transparentes ». C’est pourquoi cette coalition de l’opposition a décidé de « ne pas prendre en compte ces résultats » et de les rejeter purement et simplement. « Il n’y a aucune perspective d’avenir dans les résultats de ces élections, dans le contexte de crise que connaît actuellement la Mauritanie, notamment dû au blocage politique », affirme l’opposant.
Ils étaient 11 partis au départ à boycotter ces élections avant que le parti islamiste Tewassoul ne change d’avis et participe aux élections. Mais cela n’empêchera pas l’opposition de « poursuivre ses activités tout en demandant des changements ». Ould Daddah prévient néanmoins que son parti reste ouvert au dialogue avec le pouvoir. Il demande également à ce que les militaires combattent l’insécurité et le terrorisme et quittent le champ politique. « Nous sommes dans un régime militaire depuis 1978 », conclut-il.
Outre les élections législatives, l’UPR est également arrivé en tête du premier tour des Municipales qui ont eu lieu le même jour. Le parti du Président Abdel Aziz gouvernera sur 81 des 218 communes que compte le pays. Le Sursaut de la jeunesse, un parti de la majorité, a remporté quatre communes. Quant aux partis El-Wiam et Tewassoul, ils obtiennent respectivement quatre et trois communes, alors que six autres se partagent six municipalités. Un total de 120 communes sont à pourvoir au second tour.