Ahmed Aboutaleb, originaire du Maroc, a pris, ce lundi, ses fonctions de maire de Rotterdam, aux Pays-Bas. A 47 ans, c’est la première personnalité d’origine étrangère à accéder à un poste aussi prestigieux. De quoi susciter bien des passions.
C’est la première personnalité issue de l’immigration à être appelée à diriger une ville au Pays-Bas. Et quelle ville ! Rotterdam. Un important port européen, et la deuxième plus grande ville du pays. Ahmed Aboutaleb est un citoyen néerlandais d’origine marocaine (il possède la double nationalité). Il a été en installé lundi 5 janvier dans ses nouvelles fonctions de maire.
A 47 ans, Ahmed Aboutaleb n’est pas ce qu’on appelle un bleu en politique. Valeur sûre du parti travailliste néerlandais, le PvdA, l’homme a occupé le poste de secrétaire d’Etat aux Affaires sociales, où il s’est forgé une solide réputation de sérieux et d’efficacité. Arrivé à 14 ans aux Pays-Bas, il a été tour à tour journaliste, porte-parole ministériel, puis conseiller municipal à La Haye et à Amsterdam, avant d’être sollicité aux Affaires sociales par l’actuel ministre des Finances Wouter Bos. Ahmed Aboutaleb est présenté comme un modèle d’intégration, et apprécié par la population autochtone qui a accueilli sa désignation par le conseil municipal de Rotterdam avec un réel enthousiasme. On se souvient surtout de ses nombreux appels au calme lorsqu’il y a trois ans l’islamiste Mohammed Bouyeri avait abattu en pleine rue le cinéaste et polémiste Theo Van Gogh.
Ses origines marocaines valent également au nouveau maire beaucoup de sympathie auprès de la communauté issue de l’immigration. Malgré la vague d’enthousiasme soulevée, l’homme reste conscient de la difficulté de la tâche qui l’attend. Pour rassurer sur sa loyauté envers son pays adoptif, il voudrait d’ailleurs bien se défaire de sa nationalité marocaine. Mais la législation du royaume chérifien ne le permet pas.
« Confiance » versus « méfiance »
Dans un discours prononcé à la mairie, il a indiqué qu’il y avait encore « beaucoup de crainte » et de « méfiance » chez les habitants de Rotterdam vis-à-vis des immigrés. Pour balayer les appréhensions qu’il suscite par ailleurs, il a choisi de miser tout sur la «confiance». «La confiance est un ingrédient de la cohésion sociale mais elle est aussi le lubrifiant de notre économie. Instaurer la confiance est un investissement dans la croissance économique. Une société où les gens ont confiance les uns dans les autres est plus forte», a-t-il affirmé.
La confiance ? L’extrême droite, elle, n’y croit pas une seule seconde. Le député PVV d’extrême droite Geert Wilders a fait part de son souhait qu’Ahmed Aboutaleb soit nommé à Rabat; et celle du parti Leefbaar Rotterdam, dans l’opposition, reproche au maire d’«avoir deux passeports». On ne peut décidément pas plaire à tout le monde.