Afroéquatoriens et décolonisation mentale


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Telle est l’aspiration et le but des luttes menées par les multiples organisations d’afroéquatoriens qui se sont formées pour connaitre leurs origines, leur histoire d’exclusion, pour s’organiser, se réaliser, trouver des espaces d’insertion dans une nation multiculturelle où sévit la discrimination raciale.

J’ai eu l’opportunité de rencontrer les responsables de l’une de ces organisations à Guayaquil, Proceso Afro América siglo XXI qui existe depuis 1996. J’ai été accueilli par trois de ses administrateurs, deux femmes et le coordinateur général, Miguel Angel Avila.

La première session, qui a pris fin vers les 19 heures, n’était qu’un avant-goût. Miguel Angel, leader enthousiaste aux convictions profondes, m’a par la suite consacré une matinée. Je lui ai demandé un résumé en trois points des priorités de ce Processus. La priorité n° 1 c’est la formation « afin de décoloniser l’esprit dès l’enfance », la priorité n°2 est le renforcement organisationnel des afrodescendants, compte tenu des problèmes de jalousie, d’antagonismes, la tendance au blanchissement(de la peau) et l’absence d’une idéologie claire, tout cela conduisant à des manipulations, la priorité n°3 est l’inclusion en vue d’une participation aux décisions de politique économique, sociale, culturelle, et obtenir des espaces de reconnaissance particulière des afroéquatoriens, qui ont des formes ancestrales de résolution des conflits consistant à toujours consulter les sages de la tribu, dans le respect des aînés. Ils se sentent rejetés, stigmatisés, discriminés, exclus.

Autre priorités, la rencontre entre les nouvelles générations et les ancêtres africains, afin de mieux comprendre leur vision du monde, leurs principes et leur véritable identité, à la recherche de la Grande Éthiopie, comme on appelait le continent. Ils estiment que dans aucune langue africaine n’apparait le terme Afrique, qui fut imposé par les colons pour rendre leur histoire invisible.

Je souligne que ce processus est parti d’une enquête visant à déterminer leurs problématiques, suivi par un plan d’action sur la base de l’accord établi lors de la Conférence de Durban en Afrique du Sud 2001, évalué au Brésil en 2009.

De très bonnes études sur la société civile sont disponibles et servent aux agences gouvernementales pour canaliser les actions durant cette année consacrée aux afrodescendants. Une année propice pour promouvoir la pleine jouissance de leurs droits économiques, culturels, sociaux, civils et politiques, leur participation et leur intégration dans tous les domaines, et pour susciter une meilleure compréhension et le respect de la diversité de leur patrimoine et de leur culture, comme le propose l’ONU.

Mon court passage à Guayaquil m’a permis de visiter le centre en passant par l’Avenue du 9 Octobre avant d’atteindre la Fondation África América siglo XXI, de me rendre au Fonds Rolando, aux Archives Historiques et à la Bibliothèque d’Archives Carlos Calderón Chico, qui compte 26000 ouvrages et où j’ai déniché un important guide bibliographique et des contacts. Partout où je suis allé, j’ai admiré une ville renouvelée, verte, propre, des avenues spacieuses. En parlant de cela avec mon interlocuteur afroéquatorien, ce dernier m’a offert de me conduire la prochaine fois sur l’île Trinitaire (Isla Trinitaria ) pour expérimenter le Guayaquil profond, où un vieux quartier comme El Tarqui met en évidence les inégalités, par rapport au district de Samborondon, qui bien que plus récent, dispose de tous les services. Une année pour progresser vers l’équité.

Par Gustavo Pérez Ramírez, analyste

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