L’association à but médical Afrocancer souhaite lutter et sensibiliser les populations et les décideurs politiques à la menace que représente le cancer pour les Africains. Pour mieux se faire connaître, elle organise samedi 24 mai au siège de l’Unesco une soirée de gala où se produira Liz Mc Comb. Entretien avec le Dr Adama Ly, le fondateur d’Afrocancer.
L’association internationale à but scientifique et médical Afrocancer existe depuis 2005. Elle est à l’origine d’un ouvrage très exhaustif sur le cancer en Afrique intitulé Le cancer en Afrique – De l’épidémiologie aux applications et perspectives de la recherche biomédicale édité par l’Institut national du cancer (France).
La première soirée officielle de l’association devrait être suivie d’un colloque international en février 2009, dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le cancer. Cinq cent mille personnes meurent du cancer chaque année en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la Santé.
Afrik.com : Ce gala est la première manifestation officielle de votre association qui a pour ambition de lutter contre le cancer en Afrique, l’occasion de vous faire connaître et de faire connaître votre action ?
Dr Adama Ly : Nous avons baptisé cette soirée « Agir ensemble contre le cancer ». C’est une tribune pour promouvoir la lutte contre le cancer dans les populations africaines, ce qui renvoie à l’Afrique et à sa diaspora. Soixante-dix pour cent des nouveaux cas de cancer seront enregistrés dans les pays du Sud d’ici 2020, si nous ne faisons rien. Le cancer est une maladie ignorée qui fait de plus en plus de ravages en Afrique. Les chiffres reculent en Europe mais explosent en Afrique.
Afrik.com : Cette soirée vous permettra aussi de collecter des fonds et d’inciter les gens à s’engager pour mener à bien cette initiative ?
Dr Adama Ly : Afrocancer réunissait jusqu’ici des chercheurs et des médecins. Nous souhaitons désormais ouvrir cette association internationale à but scientifique et médical au grand public afin qu’il participe activement aux nombreuses actions que nous souhaitons mener. Cette soirée, je l’espère nous permettra d’y parvenir. Nous avons également besoin de moyens pour organiser, par exemple, des dépistages gratuits en Afrique, notamment ceux du col de l’utérus, du sein et de la prostate, de prévenir le tabagisme qui est en hausse en Afrique. Ces fonds permettront également d’éditer des brochures de sensibilisation, de faire des ponts entre le Nord et le Sud en attribuant des bourses à des jeunes médecins qui pourront se former en Europe ou qui seront formés en Afrique par des cancérologues européens, ou encore de financer des programmes de recherche. Il est primordial d’alerter les hommes politiques et les leaders d’opinion sur le fait que la lutte contre le cancer est aussi importante que celle contre le paludisme ou le sida. D’autant plus que chez nous, il est souvent lié à des affections qu’il est possible de prévenir, contrairement à l’Europe où la maladie résulte souvent du mode de vie (fumer, ndlr). Les cancers qui sévissent le plus souvent en Afrique comme celui du foi ou du col de l’utérus sont dus pour le premier aux hépatites B et C, et pour le second au papillomavirus.
Afrik.com : Comment ressentez-vous le besoin d’information chez les Africains ?
Dr Adama Ly : Les gens s’interrogent sur la maladie parce qu’à chacune de mes interventions dans les médias, je suis assailli de requêtes, de demandes de médicaments que je ne peux malheureusement pas satisfaire. Les traitements coûtent cher et les Africains n’ont pas souvent les moyens d’y accéder. Ils me parlent également de chirurgie réparatrice. Ce qui reste aussi hors de portée de nombreuses bourses. Ce qui rend encore plus nécessaire la prévention parce que certains cas de cancer, comme je vous l’ai déjà souligné, peuvent être évités. Il y a quelque chose à faire avant que la maladie ne s’installe et Afrocancer peut y participer.
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