
L’Afrobeat International Festival 2025 a transformé Ouagadougou en véritable épicentre de la scène afrobeat contemporaine, affirmant sa position comme événement culturel incontournable en Afrique de l’Ouest.
Un festival devenu référence continentale
La 13ᵉ édition de l’Afrobeat International Festival (AIF) s’est déroulée du 24 au 27 avril 2025 sur l’Esplanade du Monument de la Paix à Ouagadougou, attirant plus de 30 000 festivaliers venus de toute l’Afrique et au-delà. Fondé en 2012 par Jean Marie Nabi, connu sous le nom de « Zopito », producteur et visionnaire culturel burkinabè, l’événement a connu une croissance exponentielle, se transformant d’une modeste célébration locale en un rendez-vous majeur du calendrier musical africain.
La vision était de créer une plateforme qui transcende le simple divertissement pour devenir un véritable catalyseur de développement culturel et économique, explique Zopito, directeur du festival. Treize ans plus tard, l’AIF est devenu un écosystème complet au service des artistes et de l’industrie musicale africaine.
« In Motion » : un thème porteur de transformation
Placée sous le thème évocateur « In Motion », l’édition 2025 a mis en lumière le dynamisme et la capacité d’innovation de la jeunesse africaine. Cette thématique s’est déployée autour de trois axes stratégiques. La connexion professionnelle a été renforcée par la création d’espaces de rencontre entre talents émergents et acteurs établis de l’industrie musicale internationale.
L’innovation artistique s’est manifestée à travers l’exploration des fusions entre tradition musicale africaine et influences contemporaines globales. Enfin, le rayonnement international a été favorisé par la mise en place de passerelles concrètes pour faciliter l’accès des artistes africains aux marchés et scènes du monde entier.
Un incubateur de talents nouvelle génération
L’AIF 2025 s’est distingué par son programme de développement professionnel particulièrement étoffé. Le « AIF Lab », espace dédié à la formation et au networking, a accueilli plus de 500 jeunes artistes et entrepreneurs culturels pendant quatre jours intensifs.
« Les masterclasses sur les stratégies de monétisation des œuvres musicales et la gestion de carrière à l’ère numérique ont été particulièrement enrichissantes« , témoigne une jeune chanteuse ivoirienne en début de carrière. « J’ai pu échanger directement avec des producteurs internationaux qui m’ont donné des conseils concrets pour développer ma présence sur les plateformes de streaming. »
En parallèle, un programme de formation aux techniques de promotion musicale sur les réseaux sociaux a donné aux participants les outils nécessaires pour amplifier leur visibilité en ligne.
Une programmation entre talents locaux et stars continentales
Sur les trois scènes installées à l’Esplanade, les performances se sont enchaînées de 16h à l’aube, offrant un panorama complet des tendances actuelles de l’afrobeat.
La scène locale était brillamment représentée par Flowman Boy, révélation trap-afrobeat de l’année, dont la performance énergique a enflammé la foule le premier soir. Kayawoto, figure emblématique de la scène musicale burkinabè, a présenté son nouvel album fusion « Racines Électriques » devant un public conquis. Le duo formé par Reman et Roger Wango a livré un set acoustique mémorable mêlant sonorités traditionnelles et arrangements contemporains. Amzy, Toksa et Francky FP, représentants de la nouvelle vague afrobeat burkinabè, ont également marqué l’événement par leurs prestations innovantes et leur fraîcheur artistique.
Le festival a également accueilli plusieurs artistes de renom venus d’autres pays africains. L’Assia Brass Band du Bénin, collectif ayant révolutionné l’approche des cuivres dans l’afrobeat contemporain, a offert une performance particulièrement remarquée. La chanteuse congolaise Berlea, désormais installée au Sénégal, a impressionné le public par sa voix puissante et ses compositions engagées lors de la soirée de clôture. Patche Di Rima, originaire de Guinée-Bissau, a proposé une fusion innovante de rythmes traditionnels bissau-guinéens et de productions électroniques. Le Kin Orchestra, venu de République démocratique du Congo, a complété cette programmation internationale en réinventant avec talent le riche patrimoine musical congolais.
Un impact multidimensionnel
L’impact du festival dépasse largement le cadre musical. Selon une étude d’impact économique réalisée par l’Université de Ouagadougou, l’événement a généré environ 3,5 millions d’euros de retombées directes et indirectes pour l’économie locale, mobilisant plus de 600 emplois temporaires.
En quatre jours intenses, Ouagadougou a vibré au rythme des percussions et des cuivres, réaffirmant sa place de carrefour culturel majeur et de tremplin pour l’afrobeat de demain. Alors que les organisateurs annoncent déjà des ambitions encore plus grandes pour l’édition 2026, l’Afrobeat International Festival s’impose comme un modèle d’événement culturel alliant célébration artistique, développement économique et engagement social.
« La musique a toujours été un puissant vecteur de transformation en Afrique« , conclut Zopito.