Afrique : une crise de déplacement interne sans précédent


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Des réfugiés
Des réfugiés

Depuis 15 ans, l’Afrique est confrontée à une explosion des déplacements internes, marquée par des crises humanitaires d’une ampleur inédite. À travers le continent, près de 35 millions de personnes vivent en situation de déplacement, soit près de la moitié du total mondial, selon le dernier rapport de l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC).

Les conflits restent la première cause de déplacement

Les causes principales de ces déplacements restent les conflits armés. À la fin de 2023, les conflits avaient déplacé plus de 32,5 millions de personnes sur le continent, une augmentation fulgurante par rapport à 2009, où ce chiffre s’élevait à seulement 10 millions. Les conflits en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan, en Somalie, en RDV et au Nigeria, illustrent cette tendance, souvent amplifiée par des cycles de violence prolongés.

Déplacement liés aux conflits en Afrique
Déplacement liés aux conflits en Afrique

En parallèle, les catastrophes naturelles, notamment les inondations, constituent un facteur croissant de déplacements, représentant plus de 75% des mouvements liés aux catastrophes. En 2023, les inondations dans le bassin du lac Tchad et en Afrique de l’Est ont forcé des millions de personnes à quitter leur foyer. Le rapport souligne que la sécheresse — bien que moins visible — joue un rôle tout aussi alarmant, particulièrement dans la Corne de l’Afrique.

Déplacement liés aux catastrophes naturelles en Afrique
Déplacement liés aux catastrophes naturelles en Afrique

Des données alarmantes pour des crises persistantes

Le rapport met en lumière les zones les plus touchées, où les crises se chevauchent souvent. Par exemple, le Soudan accueille aujourd’hui 9,1 millions de déplacés internes, faisant de cette nation la plus grande crise de déplacement au monde. En RDC, les violences dans les provinces orientales continuent d’alimenter un déplacement massif.

L’Afrique de l’Est est la sous-région la plus touchée, concentrant 46% des déplacements internes enregistrés sur le continent. Les inondations saisonnières et les sécheresses prolongées y créent un cycle de déplacements répétés, mettant à rude épreuve les capacités des gouvernements locaux et des ONG.

Vers une gestion proactive et durable

Malgré des efforts notables, notamment à travers la Convention de Kampala, adoptée en 2009 par l’Union africaine, les réponses restent majoritairement axées sur l’urgence. Le rapport plaide pour une approche intégrée : investir dans la réduction des risques de catastrophes, la consolidation de la paix et l’adaptation au changement climatique.

Le cas du Tchad est mis en avant comme un exemple de progrès : ce pays a adopté des lois reconnaissant explicitement les catastrophes climatiques comme un facteur de déplacement, avec des mesures visant à les gérer et les prévenir.

Mobilisation internationale et solutions locales

Le rapport insiste sur la nécessité de collecter des données fiables pour comprendre les dynamiques des déplacements et planifier des solutions durables. Les initiatives locales, telles que la mise en place de systèmes d’alerte précoce ou la gestion efficace des zones à risque, peuvent contribuer à réduire l’ampleur des déplacements.

Le défi est colossal, mais pas insurmontable : « Avec des investissements adéquats et une volonté politique renouvelée, il est possible d’inverser cette tendance inquiétante », conclut le rapport.

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