Comme chaque année, à la fin du mois de décembre, la rédaction d’Afrik.com vous propose un tour d’horizon des faits marquants de l’actualité africaine de l’année. De l’élection de Mohamed Morsi à la tête de l’Egypte à la mort du président ghanéen John Atta-Mills, en passant par les grèves de Marikana en Afrique du Sud, sans oublier la célébration des 30 ans au pouvoir du chef d’Etat camerounais, Paul Biya, votre quotidien en ligne revient en quelques lignes sur ces grands moments.
Maroc : quand les politiques deviennent muftis
Au royaume chérifien, le gouvernement d’Abdelilah Benkirane lâche une première bombe depuis son entrée au pouvoir. Le nouveau cahier des charges réfléchit par le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, et son équipe ne plaît pas aux responsables de la chaîne 2M qui n’ont pas manqué de le faire savoir à travers une sortie médiatique très remarquée en avril dernier. Salim Cheikh, directeur-général de la chaîne, et Samira Sitaïl, directrice de l’Information, ont refusé publique de se soumettre aux instructions de leur ministre référent. Une première dans le pays. Cheikh a refusé de programmer, comme le voulait El Khalfi, davantage d’émissions en langue arabe et l’instauration des cinq appels à la prière, comme c’est déjà le cas sur la première chaîne. Une opposition sans faille qui a obligé Mohammed VI à recevoir en audience royale Benkirane et El Khalfi. Les deux compères sont invités à revoir leur copie.
La mort d’Amina Filali, en mars, a également marqué les esprits. L’adolescente de seize ans s’était donnée la mort après avoir été contrainte d’épouser son violeur pour que celui-ci échappe à cinq ans de prison. Une alternative prévue par la loi marocaine en cas de viol et dont plusieurs ONG en réclament l’abrogation.
Egypte : Morsi en Pharaon, la métamorphose
Au pays du Nil, Mohamed Morsi, du parti Liberté et Justice, la vitrine politique des Frères musulmans, est élu le 24 juin. Le monde entier salue la victoire du premier président de l’Egypte après la chute de Hosni Moubarak. Et qui dit Frères musulmans, dit religion. La bataille entre le nouveau pouvoir et les libéraux n’a donc pas tardé à se déclencher. Le « nouveau Pharaon », surnom donnée à Morsi par l’opposition, renforce considérablement ses pouvoirs à travers un décret présidentiel instauré le 22 novembre, avant d’y renoncer après plusieurs jours de violences et de manifestations. Un autre sujet qui fâche : le projet de la nouvelle Constitution, approuvé à 63,8% lors d’un référendum. L’opposition, qui a boycotté le référendum, fustige le renforcement des lois islamiques inscrites dans cette (future) Constitution.
Tunisie : couacs politico-religieux
En Tunisie, Rached Ghannouchi a été réélu à la tête de la formation islamiste Ennahda à l’issu du congrès du parti lundi 16 juillet. Un programme politique présenté comme « modéré » avait finalement été adopté. Toutefois, Ennahda a été secoué en octobre dernier suite à la diffusion d’une vidéo dans laquelle on aperçoit Rached Ghannouchi s’adresser à des salafistes. Il leur explique comment islamiser la Tunisie en évitant l’exemple algérien. La colère s’empare des libéraux et laïques qui s’estiment être trahis.
Autre fait marquant en Tunisie, le viol de Meriem par deux policiers le 3 septembre. Le monde entier est indigné. Encore plus lorsqu’elle est poursuivi en justice pour « atteinte à la pudeur » après avoir été surprise en voiture en train de flirter avec son petit ami. C’est à ce moment-là que les deux policiers en ont profité pour violer la jeune fille, pendant qu’un troisième agent retenait le petit ami. Les associations de défense des droits des femmes tunisiennes montent au créneau. Le président Moncef Marzouki présente, en personne, ses excuses à la jeune filles. Le 29 novembre, la justice tunisienne abandonne enfin ses poursuites et inculpe les deux policiers pour viol.
Algérie et Libye : les rescapées de la vague islamiste
Il y a toutefois deux pays où les islamistes ont échoué. En Algérie, le parti historique du Front de libération nationale (FLN) est arrivé en tête des élections législatives en mai. Même son de cloche en Libye où le parti pour la justice et la reconstruction (PJC), issu des Frères musulmans, a été largement battu par les libéraux de l’Alliance des forces nationales (AFN), coalition menée par l’ex Premier ministre Mahmoud Jibril.
Ghana : mort du président Atta Mills
Le 24 juillet 2012, l’annonce par la présidence de la mort du chef d’Etat John Atta Mills à l’âge de 68 ans émeut le Ghana et toute l’Afrique. Plusieurs rumeurs circulaient déjà sur sa maladie. Il serait décédé quelques jours après être tombé malade selon la présidence. Réputé très humble, John Atta-Mills a effectué son parcours politique aux côtés de Jerry John Rawlings, l’ancien président ghanéen. Il a été le vice-président de ce dernier entre 1997 et 2000 et est resté proche de lui pendant sa campagne. John Atta Mills est aussi auteur de plusieurs ouvrages. Il a enseigné à Temple University, aux États-Unis, et à Leiden University, aux Pays-Bas. Il a contribué à former une grande partie de l’élite ghanéenne.
Mali : Amadou Toumani Touré renversé
Le 22 mars 2012, le capitaine Amadou Sanogo mène un coup d’Etat contre Amadou Toumani Touré, qui est contraint de s’enfuir. Une fois le président malien renversé, les putschistes qui se sont aussi emparés de la télévision publique malienne (ORTM), annoncent la dissolution des institutions et décrètent le couvre-feu à Bamako. Depuis le renversement du régime du président déchu, le Mali est en proie à une grave crise politique. Les islamistes qui occupent le nord du pays depuis dix mois renforcent chaque jour leurs positions. Ils mènent également une dure répression contre la population, restreignant sa liberté. L’Onu a donné son aval pour qu’une force africaine envoie des troupes d’ici le premier semestre 2013 afin de les déloger.
Sénégal : Macky Sall succède à Abdoulaye Wade
Le 26 mars 2012, Macky Sall est élu président de la République du Sénégal à plus de 60% des voix. Son prédécesseur Abdoulaye Wade reconnait les résultats et le contacte par téléphone pour le féliciter. Lors de la campagne présidentielle, plusieurs manifestations éclatent à Dakar. Les protestataires réclament le retrait de la candidature d’Abdoulaye Wade à la présidentielle, arguant que la Constitution ne lui permet pas de se représenter après deux mandat. Macky Sall a quant à lui promis de redresser l’économie sénégalaise en piteux état. Il doit également trouver un moyen de baisser le coût de la vie extrêmement chère dans le pays de la Téranga.
Malawi : Joyce Banda à la tête du Malawi
Le 7 avril 2012 Joyce Banda prête serment après avoir pris la tête du pays suite à la mort du président Bingu wa Mutharika décédé emporté par un arrêt cardiaque à l’âge de 78 ans. Joyce Banda, âgée de 61 ans, est la fondatrice et directrice exécutive de l’Association nationale des femmes d’affaires. Elle fut aussi ministre des Femmes et de l’Enfance, puis ministre des Affaires étrangères avant de devenir vice-présidente du Malawi.
Sierra Leone : Charles Taylor condamné à 80 ans de prison
Le 4 mai 2012, Charles Taylor, l’ex-président du Liberia, emprisonné à la Haye, est condamné à 80 ans de prison par le tribunal spécial de la Sierra Leone (TSSL), à la Haye. Il a été reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis durant la guerre civile en Sierra Leone de 1991 à 2001 qui a fait 120 000 morts. A 64 ans, CharlesTaylor est le premier ancien chef d’Etat africain condamné par une juridiction internationale.
RDC : Le M23 menace de renverser Kabila
Les mutins du Mouvement du 23 mars (M23), ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) affrontent depuis le mois de mai les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), au Nord-Kivu dans l’Est de la RDC. Parmi leurs revendications : l’administration de la région, l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle ou la reconnaissance d’Etienne Tshisekedi, principal opposant à Joseph Kabila, comme vainqueur du scrutin, le retour des réfugiés politiques, ou encore la réintégration dans l’armée régulière congolaise assortie d’une montée en grade. Après avoir pris la ville de Goma, en novembre, les rebelles ont finalement accepté de se retirer pour négocier avec les autorités congolaises. Même si le conflit perdure.
Rwanda et Ouganda : accusés par l’ONU de soutenir les rebelles
Deux rapports de l’ONU, le premier publié en juin et le second en octobre, accuse le Rwanda de soutenir les mutins du M23. Selon les experts des sanctions des Nations unies, il s’agirait d’un soutien à la fois en armement, mais également en renseignement et conseils. Ce qui a provoqué l’ire de Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo, qui a réclamé des sanctions contre le Rwanda et l’Ouganda, aussi accusé d’aider les ex-rebelles du Congrès national du peuple (CNDP).
Congo-Brazzaville : Denis Sassou Nguesso remporte les législatives
Les Congolais ont voté en août pour le second tour des élections législatives. Sur les 136 sièges, 70 restaient à pourvoir. Les résultats sont sans appels et sans surprise. Le parti congolais du travail (PCT), du président Denis Sassou Nguesso, a obtenu la majorité. Lors du premier tour des élections, qui se sont tenues le 15 juillet, il a raflé 57 sièges. Le taux de participation a été très faible. Les files d’attente ont été inexistantes à Brazzaville. Le principal mouvement d’opposition, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), a dénoncé des fraudes, démenties par le chef d’Etat lui-même : « le scrutin est correct. Au plan politique, je pense que beaucoup de dispositions ont été prises pour que ces élections soient apaisées, qu’elles soient justes, qu’elles soient transparentes ».
Cameroun : Paul Biya fête ses 30 ans au pouvoir
Le président camerounais, Paul Biya, a fêté mardi 6 novembre ses 30 ans au pouvoir. Il est devenu président, en 1982, en promettant l’émergence du pays. Six mandats plus tard, la population est pauvre, muselée et exclue du pouvoir socio-politique. L’opposition fustige une Constitution verrouillée tire la sonnette d’alarme sur les modalités d’organisation des élections qui ne sont pas indépendantes. La Cour suprême est régie par la Cour supérieure de la magistrature qui est, elle-même, dirigée par Paul Biya. Toutes ces facteurs ont permis à Paul Biya de rester trois décennies à la tête du Cameroun. C’est une célébration à sens unique. Qui ne concerne que le parti au pouvoir. A Yaoundé, les jeunes étaient plus préoccupés par leurs bagarres quotidiennes que par les 30 ans au pouvoir de Paul Biya.
Centrafrique : Bozizé menacé par un Coup d’Etat
Les rebelles du Sélaka ont sommé mercredi 26 décembre le pouvoir de déposer les armes. Après avoir pris les villes de Ndélé, Bria, et Bambari, ils ont mis la main mardi sur la ville stratégique de Kaga Bandoro. Le Sélaka, coalition de plusieurs groupes armés dans le pays, a repris les armes le 10 décembre, exigeant que les autorités à Bangui respectent les accords de paix signés entre 2007 et 2011. Ces accords prévoyaient notamment un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. L’ambassade de France en Centrafrique a été prise pour cible par les partisans du président Bozizé qui accusent Paris de ne pas empêcher le coup d’Etat qui se dessine.
Somalie : Un inconnu devient président
Hassan Cheikh Mohamoud a été élu président de la Somalie lundi 10 septembre par les 270 députés somaliens, réunis à l’Ecole nationale de police de Mogadiscio, au détriment du chef d’Etat sortant Sharif Cheikh Ahmed, pourtant annoncé favori. L’universitaire, âgé de 56 ans et considéré comme un outsider, l’a emporté avec 190 voix contre 79 suffrages pour l’ancien dirigeant, élu en 2009. Soit une majorité absolue. Une victoire inattendue. Au premier tour, Hassan Cheikh Mohamoud était devancé par son concurrent Sharif Cheikh Ahmed, en s’adjugeant 60 suffrages contre 64 voix pour le président sortant.
Afrique du Sud : Le conflit social le plus sanglant post-apartheid
Lonmin a accordé 22% de hausse salariale accompagnée de 190 euros de prime aux mineurs de Marikana, en grève depuis le 10 août. Ces derniers ont accepté mardi 18 septembre l’accord salarial portant sur 22% d’augmentation mensuelle. Ce conflit social a pris une tournure dramatique le jeudi 16 août lorsque la police sud-africaine a ouvert le feu sur les manifestants en causant la mort de 34 grévistes. Sans oublier les 10 autres morts à la suite de luttes intersyndicales. Au total, le mouvement social des mineurs de Marikana dispose à son actif de pas moins de 44 tués à déplorer. Soit, le plus sanglant massacre depuis l’apartheid. Après cet accord entre les trois parties, la société Lonmin, les syndicats et mineurs ; la grève des mineurs de Marikana a touché à sa fin.