Alors que la place des femmes dans la vie politique, économique et sociale est encore sujette à débat un peu partout dans le monde, la Côte d’Ivoire semble multiplier les efforts, grâce notamment à l’implication de la Première Dame du pays, Dominique Nouvian Ouattara. Celle-ci souhaite en effet que les femmes soient reconnues à leur juste valeur dans le pays et sur le continent. Trop souvent oublié, leur impact économique, politique et social en Afrique n’est pourtant plus à prouver.
Dans l’opinion publique ivoirienne, il est de notoriété que les femmes occupent une place moins reconnue que celle des hommes dans la société. Jugez plutôt : si elles jouent un rôle prépondérant dans le secteur agricole (elles occupent 55 % des activités agricoles, de pêche et d’élevage et 70 % de la valeur ajoutée dans ce domaine est assurée par les femmes), leurs revenus ne représentent que 22 % de ceux des hommes dans ce même secteur. Un cinquième seulement…
Par ailleurs, le revenu moyen des Ivoiriennes est inférieur de 59 % à celui des hommes et celles-ci ne bénéficient ni du fruit de leur travail (production, transport, distribution), ni même du pouvoir de contrôle et de gestion qui devrait leur revenir. Des disparités plus qu’importantes qui ont fini par alerter le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, notamment par l’intermédiaire de son épouse, Dominique Nouvian Ouattara.
Dominique Nouvian Ouattara salue les Ivoiriennes
«Le soutien des femmes de Côte d’Ivoire n’a jamais fait défaut au président Alassane Ouattara. Et sachez que notre affection lui donne la force de gérer notre pays avec beaucoup de sagesse». C’est par ces mots que la Première Dame a commencé son discours prononcé devant 2000 femmes, mères de famille principalement, le 26 mai dernier, à l’occasion de la fête des Mères à Treichville, dans le sud du district d’Abidjan.
Et l’épouse du chef de l’Etat n’était pas venue les mains vides : du matériel de cuisine, de coiffure, de couture et divers ustensiles, ont ainsi été distribués dans une liesse générale. «Vous êtes des modèles à suivre pour les futures générations de femmes dans notre pays. Je voudrais rendre hommage à chacune de vous, pour votre courage et votre force, et pour les innombrables sacrifices que vous consentez au quotidien?» a-t-elle poursuivi avant de remercier les femmes ivoiriennes qui sont «?des exemples à suivre» et le terreau du «maintien et de la consolidation de la paix?» en Côte d’Ivoire.
Il faut dire que Dominique Nouvian Ouattara, surnommée «Blanche Colombe» dans le pays, est particulièrement impliquée, en son nom propre, mais aussi en celui de son président et mari. En 1998, elle crée la Fondation Children of Africa, une association qui a, entre autres, contribué à la construction d’un hôpital mère-enfant à Bingerville. Et en décembre 2012, elle lance le Fonds d’Appui aux Femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), dont la vocation est d’améliorer les revenus des femmes et de faciliter leur indépendance financière.
Les Africaines représentent l’avenir du continent
Et la Côte d’Ivoire n’est pas le seul pays d’Afrique à avoir compris que ses femmes étaient destinées à jouer un rôle clé dans le développement du pays. En témoigne la tenue d’un forum en février 2016 à Paris, au musée du Quai Branly, intitulé «Les femmes, avenir du continent africain?».
Selon RFI Afrique, partenaire du forum, «plus vulnérables aux déséquilibres et aux violences, les femmes, sont toutefois de plus en plus engagées dans l’économie et la politique. Elles sont également la plus grande chance du continent, pour sa croissance, sa santé et sa stabilité».
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : en Afrique subsaharienne, les femmes produisent 80 % des denrées alimentaires quand elles représentent 70 % de la force agricole du continent. Par ailleurs, comme le souligne Le Monde, «c’est grâce aux femmes africaines que les foyers sont approvisionnés en eau». Au Malawi, petit pays situé en Afrique australe, «les femmes consacrent plus de 9 heures par semaine à la collecte de l’eau?».
Sur le plan politique, les femmes africaines sont également très impliquées : «?au Rwanda, elles occupent 51 des 80 sièges de l’Assemblée nationale?» quand elles ne représentent que 26 % dans l’Hexagone… Par ailleurs, le continent africain peut se targuer d’avoir deux femmes présidentes, une à l’île Maurice et l’autre au Liberia.
En ce qui concerne la sphère économique, là aussi, les femmes d’Afrique ont une importance certaine : celles-ci sont «propriétaires d’un tiers des entreprises en Afrique, et au Nigéria et au Ghana il y a plus de femmes entrepreneuses que d’hommes?». Preuve que les Africaines sont aptes à jouer dans la cour des grands : «deux femmes africaines figurent dans le classement des milliardaires de Forbes 2015, l’investisseuse angolaise Isabel Dos Santos et la femme d’Affaire nigériane Folorunhso Alakij?».
En Afrique, les femmes sont une véritable mine d’or. Destinées à jouer un rôle de plus en plus important, les femmes africaines sont de plus en plus reconnues à leur juste valeur sur le continent. Et ce tant dans la sphère politique et économique que sociale. C’est notamment le cas en Côte d’Ivoire où la Première Dame multiplie les initiatives pour favoriser leur insertion.
Par Laurent Diabaté