L’Organisation internationale du travail (OIT) a publié ce jeudi son deuxième rapport sur le travail des enfants dans le Monde. Avec ses 49,3 millions d’enfants actifs, l’Afrique reste le continent le plus touché par ce fléau. C’est pourquoi l’OIT préconise que la problématique du travail des enfants soit pris en compte dans les programmes de développement.
Près de 218 millions d’enfants, âgés de 5 à 17 ans, travaillent dans le monde et ils sont 49,3 millions en Afrique sub-saharienne, indique le deuxième rapport global sur le travail des enfants de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié ce jeudi. En proportion (26,4% d’enfants de 5 à 14 ans), cette région connaît le plus grand nombre d’enfants actifs. Alors que leur taux d’activité a baissé dans le monde pour la période 2000-2004, l’Afrique reste en marge de cette tendance générale, du moins en chiffres absolus. De fait, la proportion d’enfants qui travaille a baissé de 2,4%, mais leur nombre n’a pas diminué pour autant, à cause de la croissance démographique. Il est même en augmentation de 1,3 million comparé au précédent rapport. Parmi ces enfants au travail, souvent exploités, on compte 50 000 victimes de prostitution et 120 000 autres soldats, porteurs, messagers, cuisiniers et esclaves sexuels.
Le travail des enfants n’est pas une fatalité
L’absence ou l’inefficacité des programmes menés dans le domaine de l’éducation et la pandémie du sida, qui frappe durement les pays africains, sont les principales causes de cette situation. « Dans de nombreux pays, les programmes en matière d’éducation n’ont pas été effectifs. Et même dans ceux où l’éducation est gratuite, les coûts additionnels empêchent les familles de scolariser les enfants qui, par conséquent, travaillent. Par ailleurs, à cause des effets dévastateurs du VIH/Sida, les enfants sont également obligés d’exercer une activité parce que leurs parents sont malades ou qu’ils sont orphelins », explique Tite Habiyakare, chargé de programmes pour le travail des enfants en Afrique au Bureau international du travail (BIT). Le spécialiste rajoute que ce phénomène est aussi lié à la pauvreté.
Ce deuxième rapport, intitulé « La fin du travail des enfants: un objectif à notre portée », permet, selon M. Habiyakare, entre autres « d’évaluer les tendances, les difficultés rencontrées et les conditions qui contribuent, comme en Asie, à une baisse significative du travail des enfants ». Ce qui laisse espérer que la situation du continent africain n’est pas désespérée. Il est en effet possible d’abolir le travail des enfants par la mise en place de programmes intégrés d’éducation obligatoire, de prise en compte des droits humains et de réduction de la pauvreté. Et c’est ce que préconise le rapport de l’OIT.
Recourir à des programmes intégrés
Ce sont ces ingrédients qui sont à l’origine de la baisse de plus de 60% du travail des enfants dans des pays comme le Brésil ou le Mexique qui rassemblent à eux deux la moitié des enfants habitant en Amérique latine. C’est d’ailleurs la région ( avec les Caraïbes ), qui a fait « les progrès les plus remarquables » comparé à la période précédente. Les enfants n’y sont plus que 5% à exercer une activité. Cette performance est également à la portée de l’Afrique si l’on s’en tient aux propos du responsable du BIT. Mais seulement à une condition.
« Tous les programmes de développement, aussi bien au niveau national qu’international, doivent tenir compte de la problématique du travail des enfants qui est à la fois une cause et une conséquence du sous-développement. C’est un cercle fermé, plus on fait travailler les enfants, plus les chances de se développer s’amenuisent puisque les personnes susceptibles d’y contribuer ne sont pas éduquées », affirme-t-il. Ainsi un certain nombre de pays africains, comme le Bénin, le Ghana, le Mali et la Tanzanie qui sont en train d’appliquer des programmes intégrés, dans le cadre des programmes IPEC (Programme international pour l’abolition du travail des enfants) de l’OIT, seraient sur la bonne voie.