Pourquoi l’éthique semble s’imposer à toutes les branches de la connaissance, à toutes disciplines, professions ou emplois, à l’exception de la politique? Des promesses non tenues, des insinuations, de pures machinations sont devenues la règle en politique. La chose la plus inquiétante est l’acceptation de ces mensonges par le plus grand nombre. Doit-on se satisfaire de cet environnement malsain en particulier lors des campagnes politiques?
Manipulation des électeurs
Un homme politique africain qui avait demandé aux électeurs de sa circonscription de voter pour lui en leur promettant le développement a été élu. Il n’a pas honoré ses promesses dans le premier mandat de cinq ans. En faisant les mêmes promesses il a obtenu un second mandat et ne les a toujours pas respectées. Sans se dégonfler il est revenu face à ses électeurs en leur expliquant qu’en politique le premier mandat sert à s’enrichir personnellement, le second sert pour arroser sa famille et le troisième enfin peut être consacré au bien commun. Élire un nouveau candidat serait donc un danger car le compteur reviendrait à zéro. Les électeurs l’ont donc élu une nouvelle fois et il n’a toujours rien fait pour développer la région.
En politique, les mensonges font la loi
La morale de cette histoire est qu’en politique, le mensonge est la règle. Dans le cas de la Zambie, la culture de «l’ingénierie politique» comme l’a appelée le Président Chiluba, est aussi vielle que le drapeau national. Les gens se voient promettre du développement, des constitutions citoyennes, de l’argent plein les poches, de l’électricité dans les villages sombres, des engrais pour leurs cultures, une éducation de qualité, des médicaments dans les cliniques et les hôpitaux, des emplois. La liste des promesses est sans fin. Pourtant, année après année, campagne après campagne, gouvernement après le gouvernement, rien de ce qui a été promis n’a été réalisé. Ainsi, le seul moyen de rester au pouvoir est le mensonge.
Les pouvoirs présidentiels excessifs perpétuent la culture du mensonge
Les Zambiens, par exemple, vouent une adoration sans fin à leur Président. Ce sentiment n’est cependant pas dépourvu d’intérêt. En effet, un président fort est le socle de tous les copinages : les entreprises ont besoin de contrats ; les députés sont à la recherche de postes ; les investisseurs étrangers ont besoin des ressources disponibles en Zambie, les sans-voix ont besoin de nourriture et d’un logement décent, etc. Être dans le cercle du pouvoir arrange beaucoup pour bénéficier de quelques miettes du gâteau. Soit on est dans le culte ou l’adoration et on mange dans le système, soit on ose critiquer pour n’avoir rien au final. Ce culte atour du Président héros n’est possible que parce que c’est la seule voie de la réussite dans un Etat défaillant.
La culture du mensonge en politique appauvrit une nation
En politique, il semble que la vérité soit perçue comme une faiblesse. Lorsque vous dites la vérité, même vos propres partisans peuvent penser qu’ « il y a quelque chose qui ne va pas chez vous ». Il y a toujours un cri silencieux « Que le meilleur menteur gagne! », et il gagne. Le culte de soi passe avant l’intérêt national. C’est la fin de tout contrat social. La rhétorique prime sur les idées. Les promesses vides se succèdent et restent inlassablement stériles et la pauvreté persiste. Dans un tel contexte, le développement tarde et seuls les amis du pouvoir arrivent à améliorer leur sort. Tout cela alimente la soif de pouvoir puisque c’est le seul horizon propice.
Un réel sursaut citoyen est nécessaire. Les populations doivent exiger des politiciens qu’ils remplissent leurs promesses dans des délais précis. La politique du mensonge ne peut pas s’éterniser. Alors que l’on parle tant de la nécessité de l’éthique dans les entreprises privées, il serait temps d’exiger l’éthique en politique mais cela ne sera possible que si les populations font preuves d’exigence. Il faut sortir de la servitude volontaire dénoncée en son temps par Etienne de la Boétie. Cette servitude est un terreau idéal au mensonge.