Afrique, Immobilier, Agriculture : nécessité de réformer le droit foncier


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Que ceux qui sont propriétaires d’un terrain et disposent d’un titre foncier lèvent la main ? Cette question qui paraît anodine pour le commun des mortels sur d’autres cieux est un véritable casse-tête dans plusieurs pays africains.

Lors de mes missions dans les entreprises africaines, j’ai souvent constaté que dans le bilan des entreprises, on a des terrains dont le seul titre de propriété est un contrat de vente signé entre particuliers ou avec un chef de village. En discutant avec mes interlocuteurs, la grande majorité m’a confirmé qu’elle n’avait pas de titre foncier du terrain sur lequel est construite leur maison. Au mieux, certains avaient un contrat de vente signé par le chef de la famille cédante ou un chef traditionnel (chef du village, chef du quartier, etc.). Sachant que la polygamie existe dans plusieurs pays, avec une fratrie élargie, l’héritage et la transmission de terrains se font encore souvent suivants des coutumes ancestrales. Dès lors, comment les dirigeants politiques africains veulent-ils développer le secteur immobilier et l’agriculture sans au préalable mettre en œuvre une reforme du droit foncier ? N’est-ce pas mettre la charrue avant les bœufs ?

Sans une réforme profonde et définitive du droit foncier en Afrique, je ne vois pas comment le secteur privé pourra financer les plans ambitieux dans l’immobilier et l’agriculture qui fleurissent partout sur le continent. La plus grande richesse (en dehors de ses enfants) pour un grand nombre d’Africains de toutes les classes sociales (du fonctionnaire au paysan, en passant par l’entrepreneur et le commerçant des rues) c’est un petit bout de terrain reçu d’un parent ou acquis après de gros sacrifices. Or, sans un titre foncier, ils ne peuvent obtenir un crédit hypothécaire pour financier la construction d’un bien immobilier. Et après, on traite les banquiers de mauvais prêteurs tout en sachant que ces derniers ne peuvent mobiliser l’épargne à long terme de leurs clients pour financer des opérations de ce genre sans de solides garanties. Quelle hypocrisie ! Le petit paysan ne peut obtenir un crédit pour mécaniser son activité agricole et sortir de l’agriculture de subsistance, le petit entrepreneur ne peut obtenir un crédit pour acheter une petite machine de production. Bref sans un titre foncier, des millions d’Africains sont privés d’une garantie essentielle à l’accession au crédit bancaire.

Ce problème est connu de tous, les gouvernements africains successifs refusent d’empoigner ce problème de peur de mettre en péril la paix, la sécurité et alimenter des conflits. Or, mettre ce dossier sous le tapis en espérant que le problème se résoudra tout seul est une attitude irresponsable et démagogique. Nous voulons tous que chaque Africain ait un toit sur sa tête, que l’agriculture nourrisse chacun de nous, mais sans la mise en œuvre d’une reforme du droit foncier, je ne vois pas comment nos Etats pourront y arriver.

Par Romuald Ntennou

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