Afrique du Sud : Zuma hanté par le scandale du contrat d’armement


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Près de 24 personnes, dont l’ex-Président Thabo Mbeki, vont devoir répondre dès ce lundi à la Commission d’enquête dans le cadre de l’affaire des armements contestés. Un épineux dossier considéré comme le plus grand scandale en Afrique, qui n’épargne pas le chef de l’Etat, Jacob Zuma, qui est aussi mouillé jusqu’au cou.

Après plusieurs années de tergiversation, la commission d’enquête sur l’affaire des armements contestés va débuter ses interrogatoires. Au moins 24 personnes dont l’ex-Président Thabo Mbeki seront auditionnées à partir de ce lundi jusqu’au 31 janvier 2014.

C’est une affaire de gros sous. Elle débute cinq ans près la période de l’apartheid. L’Afrique du Sud cherche alors par tous les moyens à rivaliser avec les grandes puissances. Elle débloque 5 milliards pour rendre plus performante ses forces armées, notamment la marine et l’aviation sous la présidence de l’ex-chef d’Etat Thabo Mbeki, élu en 1999. A cette époque, Jacob Zuma, l’actuel dirigeant, était son Vice-président. Cet immense contrat a été confié à cinq groupes européens dont Thomson-CSF, spécialisé dans l’aérospatial, la défense et les technologies de l’information, désormais connu sous le nom de Thales. Seulement, une fois le contrat scellé, des membres du gouvernement, accusés d’avoir touché des pots de vin, sont soupçonnés de corruption. Des observateurs affirment même qu’il s’agit du plus gros contrat signé dans l’histoire du pays après la période de l’apartheid.

Tactiques de Zuma pour se tirer d’affaire

Une belle occasion pour le plus grand parti d’opposition, l’Alliance démocratique, d’exiger une enquête pour éclaircir l’affaire. Le Président Jacob Zuma a donc été directement visé par la justice qui a finalement abandonné les charges à son encontre quelque temps avant qu’il n’accède à la tête du pays. Le sort en a décidé autrement pour son ex-conseiller financier, Chabir Shaik qui, lui, a écopé en 2005 de 15 ans de prison pour trafic d’influence et pour avoir négocié un pot-de-vin avec la filiale sud-africaine de Thomson-CSF.

Renversement de situation. Il y a deux ans, contre toute attente, Jacob Zuma déterre cet épineux dossier, décidant de rouvrir l’enquête. Mais la commission chargée de la mener est fortement remise en question dans le pays. Ce dimanche, le journal The Sunday a rappelé que depuis la formation de cette commission, trois de ses membres ont démissionné, mettant en cause son indépendance dans son travail d’enquête. Selon les observateurs, la réouverture de cette enquête par le Président Zuma est avant tout une tactique qui lui permettait de gagner une longueur d’avance sur la Cour constitutionnelle avant que cette dernière ne le contraigne à rouvrir le dossier. Même s’il n’est pas directement menacé par cette affaire, il s’agit pour lui de chercher à se tirer d’affaire pour blanchir son nom à quelques mois des élections prévues en 2014, soulignent les observateurs. Preuve que le Président sud-africain ne peut pas encore dormir sur ses deux oreilles. Du moins tant que ce dossier ne sera pas bouclé…

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