Afrique du Sud : Washington voit d’un mauvais œil la présence des médecins cubains


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Capitole à Washington
Capitole à Washington

Lundi dernier, l’Afrique du Sud a accueilli 217 médecins cubains venus aider le pays à lutter contre la pandémie du Covid-19. Cette décision des autorités sud-africaines suscite des contestations dans le pays et est ussi vivement critiquée du côté de Washington.

217 médecins cubains sont actuellement en quarantaine en terre sud-africaine, attendant leur déploiement pour contribuer à la réponse du pays à la pandémie du Covid-19. L’Afrique du Sud, pays le plus touché par le Coronavirus sur le continent, est après le Togo et l’Angola, le troisième Etat africain à bénéficier de l’appui médical cubain.

Une présence cubaine difficilement acceptée par les médecins locaux

Au plan local, le SAMA, le principal syndicat des médecins sud-africains critique le choix des autorités qui ont préféré les cubains aux praticiens sud-africains au chômage ou actifs seulement dans le secteur privé. Mais les autorités leur opposent la qualité de ce personnel cubain composé de biostatisticiens et d’épidémiologistes expérimentés, des personnes suffisamment aguerries pour contribuer efficacement à la lutte contre la pandémie.

Sujet qui attise la polémique, le coût de l’intervention cubaine. Il serait chiffré à 22 millions d’euros dont 15 serviraient à payer le salaire des médecins. Démenti de l’ambassade cubaine à Pretoria qui argue que le paiement des salaires des médecins est à la charge de Cuba. Le ministère sud-africain de la Santé s’est muré dans un silence pesant.

Critiques ouvertes de Washington

Mais les critiques les plus sévères proviennent des États-Unis. En effet, la décision des autorités de Pretoria d’accepter l’appui cubain n’est pas du tout appréciée par les USA qui l’ont fait savoir à l’occasion d’une sortie médiatique du secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, mercredi dernier. « Nous avons remarqué comment le régime de La Havane profite de la pandémie de Covid-19 pour continuer à exploiter les soignants cubains », a déclaré le secrétaire d’Etat.

Et il poursuit : « Nous saluons les dirigeants du Brésil, de l’Equateur, de la Bolivie et d’autres pays qui ont refusé de fermer les yeux face à ces abus pratiqués par le régime cubain, et nous demandons à tous les pays de faire la même chose, notamment des endroits comme l’Afrique du Sud et le Qatar (…). Les gouvernements qui acceptent des médecins cubains doivent les payer directement. Sinon, quand ils paient le régime, ils aident le gouvernement cubain à tirer profit d’un trafic d‘êtres humains ».

Mais de quoi se mêlent les Etats-Unis ?

On pourrait légitimement se poser cette question quand on sait que le pays de Donald Trump est la plus grande victime de cette pandémie. A l’heure actuelle, on y dénombre 1.1 million de malades, 63 746 décès dont 18 321 dans le seul Etat de New York, et 133 000 guérisons. Première puissance économique du monde et par conséquent pays au système sanitaire très solide, les États-Unis sont pourtant devenus, au vu de ces chiffres alarmants, le pays le plus vulnérable à la pandémie. On a vu l’Italie accepter l’aide cubaine, la France autoriser l’intervention des médecins cubains dans ses territoires d’outre-mer. « On a beau dire, mais quand on est nu, même au diable on souhaite la bienvenue », disait Tiken Jah Fakoly dans son célèbre tube Tonton d’America.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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