L’Afrique du Sud franchit un pas majeur contre le réchauffement climatique avec une nouvelle loi imposant des limites strictes sur les émissions de gaz à effet de serre.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a récemment promulgué une loi révolutionnaire sur le changement climatique, marquant un tournant décisif dans la politique environnementale du pays. Cette loi impose des limites strictes aux émissions de gaz à effet de serre et exige de chaque ville et province de publier des plans d’adaptation détaillés.
Objectifs ambitieux pour un avenir durable
L’Afrique du Sud, le 15ᵉ plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde, vise la neutralité carbone d’ici 2050. Cette nouvelle législation fixe des plafonds d’émissions pour les principaux secteurs économiques comme l’agriculture, les transports et l’industrie. Selon Brandon Abdinor, avocat au Centre sud-africain pour les droits environnementaux, c’est la première fois que la réponse au changement climatique est intégrée directement dans le droit national.
Chaque municipalité et province doit désormais évaluer ses risques climatiques et élaborer des plans de réponse. Par exemple, Durban, souvent touchée par des inondations meurtrières, pourra désormais mieux se préparer et allouer des budgets spécifiques pour les catastrophes. Blessing Manale, porte-parole de la Commission présidentielle pour le climat, souligne que cette capacité de planification n’était pas possible auparavant en raison des contraintes budgétaires.
Une surveillance accrue et une responsabilité partagée
La loi instaure également la Commission présidentielle pour le climat comme organe indépendant chargé de conseiller et de surveiller le gouvernement. Les ministres qui ne respectent pas leurs objectifs d’émissions pourront être convoqués pour rendre des comptes. Cela marque un engagement fort en faveur de la transparence et de la responsabilité dans la lutte contre le changement climatique.
Des objectifs d’émissions seront fixés pour chaque secteur, avec des budgets carbones attribués aux grandes entreprises émettrices. Bien que la loi ne criminalise pas le dépassement de ces budgets, les entreprises concernées devront payer une taxe carbone plus élevée. Harald Winkler, expert en politique climatique à l’université du Cap, estime que cette mesure devrait entraîner des réductions significatives des émissions de la part des grandes entreprises.
Vers une transition énergétique accélérée
Le nouveau ministre de l’énergie a promis d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables, bien que les plans spécifiques restent flous. Les donateurs occidentaux proposent des milliards de dollars de prêts pour soutenir cette transition, mais ces fonds ne représentent qu’une petite fraction des besoins financiers du pays. La mise en place de budgets carbone obligatoires et la transparence des rapports annuels seront cruciales pour garantir le succès de cette législation.