Le taux de chômage en Afrique du Sud atteint des records historiques. Cette triste situation est directement liée à de mauvais choix politiques. Le populisme conduit clairement à l’appauvrissement et à l’exclusion des pauvres et non à leur aide.
Dans son article, Chris Hattingh explique comment le gouvernement sud africain, en voulant tout réglementer et réguler, conduit à une augmentation du chômage et à un recul de la croissance. Ce beau pays, jadis exemple et fierté en Afrique, est sur une pente bien glissante.
Ce n’est pas en légiférant que l’on peut sortir les gens de la pauvreté. La richesse ne se décrète pas ! De même, des emplois existants ne peuvent pas être règlementés. Les emplois doivent être créés par des entrepreneurs privés et, actuellement, le gouvernement sud-africain étouffe la capacité des entreprises à créer des emplois en alourdissant de plus en plus la charge imposée aux employeurs et aux chômeurs. Comment ?
Le salaire minimum gonfle le taux de chômage
En témoigne la dernière réglementation en date : le salaire minimum national (National Minimum Wage, NMW). Le NMW dissuade les entreprises d’employer plus de travailleurs. Les seuls vrais emplois dans une économie sont offerts par les entreprises qui fournissent des biens et des services aux consommateurs. Tous les emplois offerts par le gouvernement sont payés par les contribuables actuels et futurs.
Pour la première fois dans l’histoire, le nombre de chômeurs (selon la définition élargie) dépasse 10 millions en Afrique du Sud. Comme on le sait, plus le prix d’un bien est élevé, moins il est demandé sur le marché. Le gouvernement semble ignorer cette loi fondamentale de l’économie pourtant, les conséquences sont bien en train de le rattraper. Selon Stats SA, le taux de chômage a augmenté de 1,4 point de pourcentage, passant de 27,6% au premier trimestre de 2019 à 29% au deuxième trimestre. Cela représente 455 000 nouveaux chômeurs.
Si l’on utilise la définition élargie du chômage, qui inclut les personnes qui, découragées, ont cessé de chercher du travail, le taux passe à 38,5%, ce qui conduit au final à un nombre total de 10 226 000 sans emploi. L’Afrique du Sud doit changer de cap en matière de politiques, notamment celle touchant au marché du travail. A ce titre, rappelons que le salaire minimum gonfle le prix du travail et contribue à un taux de chômage astronomique.
Les moins qualifiés sont les premiers exclus
L’absence d’une éducation de qualité en Afrique du Sud signifie que même si les gens réussissent à s’inscrire dans le système, leurs compétences ne sont pas suffisamment développées pour être embauchées. Et même en supposant que la qualité de l’éducation du pays augmente de façon exponentielle au cours de l’année prochaine, les débouchés pour les lauréats seront rares car de plus en plus d’entreprises ferment, révisent à la baisse ou renoncent à leurs plans de croissance en raison de l’interférence permanente de l’État (sous de nombreuses formes). En outre, le NMW (introduit début 2019) élimine de nombreux emplois qui pourraient, bien qu’initialement peu rémunérés, servir de tremplins à de meilleures possibilités d’emplois plus tard. À ce stade, de nombreux chômeurs ne peuvent pas surmonter les nombreux obstacles réglementaires qui s’interposent entre eux et leurs employeurs potentiels
Des mauvais choix politiques sur fond de populism
Il y a de fortes raisons de croire que la situation actuelle imposée aux personnes sans emploi est le résultat d’une « ignorance volontaire » des partisans du salaire minimum. Le discours autour de mesures telles que le salaire minimum est toujours empreint de langage moral : la «dignité» des travailleurs, par exemple, mais rien n’est plus indigne pour quelqu’un que de rechercher désespérément un travail, et être bloqué par des lois l’empêchant de négocier son propre contrat selon ses propres termes avec des employeurs potentiels, ce qui conduit à son exclusion socio-économique.
L’impact négatif est déjà visible
Les partisans du NMW nous ont dit que les pertes d’emplois seraient «minimes». Clairement, elles sont importantes et non minimes. Jusqu’à présent, en 2019, 34 000 travailleurs domestiques ont perdu leur emploi. L’économie nationale ne croît pas en raison de politiques de l’emploi et économiques restrictives, ce qui signifie que les gens ont moins d’argent pour investir et pour employer d’autres personnes. Ajouter le NMW au mélange toxique caractérisant le système économique national, qui n’essaye point d’alléger le fardeau des employeurs déjà assiégés, ne fait qu’aggraver les choses, et non pas les améliorer.
Comment sortir de la spirale du déclin ?
Dans une perspective économique plus large, l’économie de l’Afrique du Sud ne se développera pas de sitôt. Tant que le gouvernement n’adoptera pas de politiques favorables à la croissance, c’est-à-dire des politiques favorables à la liberté, il y a peu de chance que l’Afrique du Sud retrouve la voie de la croissance. Réduire les réglementations et les dépenses publiques, abaisser les impôts, abolir le NMW, tout cela peut aider à inverser la tendance anti-croissance du pays. Sur le plan du chômage en particulier, la solution que le gouvernement devait adopter est le certificat d’exemption pour les chercheurs d’emploi (JSEC). Ce certificat exempterait les chômeurs des lois mêmes qui les empêchent d’obtenir un emploi, tout en veillant à ce que leurs droits en tant que travailleurs restent protégés en vertu du droit commun.
Que ce soit au gouvernement ou non, il est totalement immoral de décider à la place d’une personne du montant de son propre salaire. Il appartient à l’individu de décider lui-même de ce qui lui semble approprié. Dicter aux travailleurs et aux employeurs ce qu’ils devraient accepter est immoral et élimine complètement l’autonomie individuelle. Ce n’est pas au gouvernement de créer des emplois pour tous les Sud-Africains, mais il est moralement impératif que le gouvernement se retire et laisse les gens trouver un emploi, créer une entreprise et créer des emplois.
Chris Hattingh, analyste pour The Free Market Foundation.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique.