thepositiveconnection.co.za est le « seul site de rencontre au monde » consacré aux séropositifs. Mis en place par le Sud-Africain Ben Sassman, qui se défend de créer un ghetto, cette vitrine permet gratuitement aux porteurs du VIH/sida de chercher, et peut-être de trouver, l’Amour. Interview.
Pas toujours facile de trouver l’amour quand on est séropositif. Lorsqu’arrive le moment de dévoiler son statut sérologique, il arrive que le partenaire prenne peur et rompe la relation. C’est pour éviter ce traumatisme que le Sud-Africain séronégatif Ben Sassman a créé, il y a bientôt trois ans, www.thepositiveconnection.co.za, le « seul site de rencontre au monde » dédié au séropositifs. Une vitrine claire et bien agencée, visitée 5 400 fois mois, où l’on trouve des informations pédagogiques sur le VIH. On découvre dans les rubriques des articles d’actualité, un zoom sur l’œuvre de charité du mois luttant contre le sida, des organismes sud-africains spécialisés sur la maladie, les réponses à des questions fréquemment posées sur le virus, le commentaire de personnes connues et le fameux service de rencontres. Ben Sassman, qui vit à Johannesburg, nous explique pourquoi il a mis en place ce site et ce qu’ils espère apporter aux personnes atteintes par le virus.
Afrik.com : Pourquoi avoir créé un site de rencontres spécialisé pour les séropositifs ?
Ben Sassman : J’ai deux amis qui sont séropositifs et ils m’expliquaient que ce n’était pas facile d’avoir une relation amoureuse. Parce que, dès qu’ils annonçaient leur séropositivité, les partenaires fuyaient et ne revenaient pas. Alors j’ai décidé de monter ce site parce qu’au moins les choses sont claires dès le départ : ceux qui sont membres sont séropositifs et il n’y a donc plus le traumatisme de révéler à chaque fois son statut sérologique.
Afrik.com : Comment est né votre site ?
Ben Sassman : Il est né le 15 septembre 2003. J’ai mis six mois à le mettre en place pour trouver le bon design et parce qu’à l’époque je ne connaissais pas grand-chose sur le sida. On parle toujours de cette maladie, mais on ne sait pas réellement ce qu’elle est. Avant de le monter, je me suis inspiré de beaucoup de sites sur le sida. Et je me suis aperçu que je ne connaissais que 5% du sujet !
Afrik.com : Vous estimez que votre site est unique au monde. Pourquoi ?
Ben Sassman : Rien ne propose un site de rencontres uniquement pour les séropositifs.
Afrik.com : Combien cela vous a-t-il coûté de le créer ?
Ben Sassman : 64 000 rands (environ 7 240 euros, ndlr). Il se trouvait qu’à cette époque je vendais ma maison et ma voiture, alors j’avais de l’argent pour tout financer.
Afrik.com : Vous ne faites pas payer l’accès au site de rencontres…
Ben Sassman : Non. Vous savez, une semaine de traitement d’antirétroviraux coûte 850 rands (environ 96 euros, ndlr) par semaine, ce qui est une somme importante. Alors je ne veux pas faire payer les membres pour qu’ils trouvent l’amour.
Afrik.com : Combien de membres avez-vous à ce jour et quel est leur profil ?
Ben Sassman : J’ai 530 membres. 65% sont africains, le reste vient des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie… du monde entier. Ils ont entre 18 et 74 ans, mais la tranche qui revient le plus souvent est la tranche 22 – 37 ans. Quant aux professions, elles sont très variées.
Afrik.com : Des couples se sont-ils formés ?
Ben Sassman : Oui ! Il y a eu quelques success stories. J’ai connaissance de six couples, mais ils ne sont pas très expansifs car ils ne veulent pas donner d’interviews. Tous n’ont pas révélé leur statut sérologique.
Afrik.com : N’avez-vous pas peur que votre site soit considéré comme plaçant les séropositifs dans un ghetto ?
Ben Sassman : Actuellement, le sida n’est pas accepté. On ne peut pas se rendre sur son lieu de travail ou ailleurs en disant que l’on est séropositif sans risquer d’être isolé et victimisé. Ce site n’a pas vocation à isoler, c’est une porte de sortie pour que ceux qui sont atteints par le virus aient une vie amoureuse normale.
Afrik.com : De quoi vit le site ?
Ben Sassman : J’encourage les sociétés à y faire de la publicité. C’est un service que je ne proposais pas avant. Mais c’est important parce que je dépense 2 000 rands (environ 226 euros, ndlr) par mois pour faire vivre le site. J’ai vraiment besoin de soutien parce que j’ai perdu mon travail en mars dernier et que sinon, un de ces jours, je vais devoir laisser tomber.
Afrik.com : Vous reversez 10% des recettes à une œuvre de charité luttant contre le sida…
Ben Sassman : Je le fais chaque mois, pour une structure qui diffère à chaque fois. J’ai pris cette décision pour contribuer à leur combat parce que ces organisations ont toujours besoin d’aide. Le reste de l’argent me revient, mais je n’ai jusqu’à présent fait aucun bénéfice.
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