Thabo Mbeki « va démissionner », a déclaré ce samedi le porte-parole du président sud-africain. Cette décision met un terme à plusieurs mois de conflit entre le chef de l’Etat et le nouveau président du Congrès national africain (ANC), Jacob Zuma.
Jacob Zuma a fini par avoir la tête de Thabo Mbeki. Le secrétaire général de l’ANC, M. Gwede Mantashe, a affirmé aujourd’hui que la décision prise par le comité directeur du parti d’exiger la démission du président n’avait « rien d’une punition » et qu’elle visait « à unir de nouveau le parti ». Mais il est évident que le populaire Jacob Zuma, dont la conquête de l’ANC sur Thabo Mbeki en 2007 avait été triomphale, a tout mis en œuvre pour écarter son rival dont le deuxième mandat devait normalement s’achever au deuxième trimestre 2009. La raison invoquée pour éjecter le président sud-africain ? L’influence qu’il aurait exercée sur la justice pour nuire à son rival. Jacob Zuma était poursuivi, jusqu’à la semaine dernière où le tribunal de Pietermaritzburg a prononcé un non-lieu, pour corruption, fraude, racket et blanchiment d’argent.
Thabo Mbeki, qui s’attendait sans doute à voir tomber le couperet, n’a pas commenté la décision de son parti. « Il devrait faire une déclaration demain après le conseil des ministres extraordinaire qu’il a convoqué » a indiqué Mukoni Ratshitanga, le porte-parole de la présidence. Dans une brève intervention sur la radio privée 702 Talk Radio, M. Ratshitanga a déclaré que « le président se plie à la décision et va démissionner » et que « cette décision inclut le processus parlementaire ». L’ANC devrait demander au gouvernement de rester en fonction afin de garantir la stabilité du pays, jusqu’à l’élection de Jacob Zuma à la fonction suprême.
Depuis que Thabo Mbeki a succédé à Nelson Mandela en 1999, l’Afrique du Sud est devenue la première puissance économique du continent et la 11ème économie de la planète. Le président sud-africain a aussi acquis, en intervenant dans plusieurs pourparlers de paix en Afrique, une dimension de grand négociateur. Cependant, sa cote n’a cessé de s’affaiblir dans son pays. Aujourd’hui usé, critiqué, accusé de vouloir s’accrocher au pouvoir par les moyens les plus vils, il devra se retirer. Reste à savoir si le fantasque Jacob Zuma sera à la hauteur des nombreux défis auxquels doit faire face l’Afrique du Sud.