Dans son article, Chris Hattingh, dénonce la colère des taxis sud africains face à leur nouveau concurrent UBER. En effet, l’arrivée de la concurrence ne peut qu’être un bien pour les consommateurs. Le vrai problème se trouve dans la fixation par l’Etat du coût des taxis. C’est pour cette raison qu’il est difficile de réagir à la concurrence. Il faut donc mener un combat pour la libéralisation des prix et non pas pour préserver une chasse gardée non viable.
Les chauffeurs de taxi n’hésitent pas à descendre dans les rues de Johannesburg et à perturber le trafic routier, notamment vers des points sensibles tels que l’aéroport international. Quelles sont leurs revendications ? Ils protestent en fait contre l’utilisation de l’application Uber qui, selon eux, « vole leurs emplois ». Ils déclarent qu’ils ont épuisé tous les recours auprès du gouvernement puisque leurs appels n’ont pas été entendus. Il était donc temps de prendre les choses en main et d’utiliser leur propre force pour empêcher les transactions volontaires entre Uber et ses clients.
Le gouvernement sud-africain a commencé à réglementer les prix des taxis au kilomètre peu de temps après la Coupe du monde 2010 lorsqu’il avait imposé aux usagers de payer 15 rands par kilomètre, et ce règlement n’a jamais été abrogé depuis. En voyant une opportunité sur le marché, Uber s’y est implanté, et les chauffeurs de taxis à compteur sont en colère parce qu’Uber peut offrir un service meilleur, moins cher et plus facilement accessible que ce qu’ils peuvent offrir.
Alors que les chauffeurs de taxi traditionnels sont en faveur de l’utilisation par le gouvernement de la coercition contre leurs concurrents, ils n’apprécient pas en revanche d’être victimes de l’usage de cette force. Malheureusement, c’est la l’essence même de la protection offerte par le gouvernement. Différents groupes se disputeront toujours le privilège de profiter de la protection du gouvernement, car cela leur épargnera la peine de devoir faire des efforts afin d’être compétitifs sur un marché ouvert. Exiger que le gouvernement évince du marché un concurrent n’est ni juste ni moral. Vous ne pouvez pas exiger la protection du gouvernement sans reconnaître que cette même protection restreindra vos perspectives d’emploi, peut-être pas immédiatement, mais certainement dans le futur.
Les chauffeurs de taxi à compteur ont une préoccupation légitime, mais ils déversent leur frustration sur la mauvaise cible. Les contrôles des prix favorisent toujours un groupe au détriment d’un autre. C’est tout à fait évident quand on voit la façon dont le gouvernement a essayé de contrôler les affaires sous l’apartheid. Les chauffeurs de taxi pourraient rivaliser avec Uber s’ils pouvaient facturer le prix qu’ils leur convenaient le mieux. Le marché, composé des usagers, leur fournirait des informations fiables pour adapter leurs décisions selon que leur offre est acceptée ou rejetée et les orienterait dans la bonne direction pour améliorer leur service en fonction des attentes du consommateur et de l’environnement concurrentiel. Les conducteurs devraient plutôt protester contre les contrôles de prix qu’ils leurs sont imposés par le gouvernement. Ils ne devraient pas attaquer un concurrent qui a le droit d’entrer sur le marché mais devraient plutôt essayer d’améliorer leur gestion de manière à rendre leurs entreprises rentables.
Contrairement à la croyance populaire, et peut-être celle des chauffeurs de taxi, personne n’a un droit acquis à un emploi. Un emploi est un contrat volontaire qui naît de votre interaction avec un employeur ou un client. Vous remplissez votre partie du contrat en fournissant un service en échange de la récompense ( le prix payé par l’autre partie). Personne n’est obligé de vous fournir un emploi ou de vous acheter un bien ou un service. Un employeur, tout comme un client, a le droit d’utiliser ses ressources comme bon lui semble. Il est immoral d’exiger qu’ils fassent un certain usage « x » avec leur temps, de leur argent simplement parce que vous ou quelqu’un d’autre l’exige ou le demande. C’est une question de moralité. Dire que vous avez droit à un travail signifie que vous êtes prêt à utiliser la force lorsque vous le jugez nécessaire afin de forcer les gens à agir comme vous le souhaitez, ou de leur confisquer leur argent, avec ou sans leur consentement. Cela revient à prétendre que vos besoins, vos caprices et vos désirs prévalent sur leur libre arbitre. Adopter cette façon de voir les chose vous conduira un jour à en payer les frais lorsque le prochain groupe puissant réussira à utiliser le pouvoir du gouvernement pour vous forcer à sortir d’un marché pour que ledit groupe puisse agir sans aucun rival et s’accaparer toute la rente de situation.
Les conducteurs d’Uber, tout comme les chauffeurs de taxis à compteur, travaillent, essaient de gagner leur vie pour nourrir leurs familles. Grâce à Uber, ils fournissent simplement un service peu coûteux et facilement accessible que les clients choisissent volontairement d’utiliser. Les conducteurs d’Uber ne sont pas des barons à moustache qui résident dans des salles remplies de fumée de cigares.
Comme dans n’importe quelle industrie, pas seulement celle du taxi, le gouvernement ne devrait pas disposer d’autant de pouvoir pour qu’un groupe ne puisse pas l’utiliser contre un autre. Le pouvoir devrait être entre les mains du client qui décidera quel service lui convient le mieux.
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