Le manque cruel d’eau potable dans certaines communes en Afrique du Sud fait de nombreuses victimes, notamment des enfants décédés après avoir bu de l’eau contaminée.
L’eau potable peut se révéler une denrée rare en Afrique du Sud, qui est pourtant la deuxième économie en Afrique, après le Nigeria qui lui a récemment soutiré sa première place. Dans certaines communes telles que Oatile Letebele, la rareté de l’eau potable constitue une véritable menace pour la population. Ces derniers temps, au moins trois bébés sont morts à cause du manque d’eau potable dans le pays. Vingt autres nourrissons ont été hospitalisés.
Cette eau serait en effet contaminée par la bactérie E. coli dans la petite ville de Bloemhof, à 300 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg. De leur côté, les autorités locales ont expliqué que des égouts s’étaient déversés dans un barrage alimentant la ville en eau. Mais le vieillissement des infrastructures, datant de la période de l’apartheid, est aussi en partie l’autre élément qui explique le manque d’eau potable. « Tout le monde reconnaît que nos infrastructures sont anciennes. Nous sommes une petite commune et nous sommes confrontés à des difficultés financières », admet le porte-parole de la municipalité, Oatile Letebele, soulignant que c’est un « problème que nous essayons de résoudre ».
Le gouvernement admet les problèmes liés à l’eau
De son coté, le gouvernement sud-africain a admis « des problèmes généralisés dans la chaîne d’approvisionnement en eau ». Bien que 90% de la population ait accès à l’eau potable, le ministère de l’Eau reconnaît que l’approvisionnement n’est pas fiable pour 26% du réseau, soulignant que le manque d’ingénieurs qualifiés, ainsi que « l’urbanisation rapide et des actes de vandalisme contrarient ses efforts ». Selon une enquête de l’hebdomadaire City Press, quinze autres bébés sont morts après des vomissements, des diarrhées et déshydratation ces derniers mois dans des townships de Sannieshof et Biesiesvlei, près de Bloemhof, à cause de la présence d’E. coli dans l’eau. Pas plus tard qu’en avril dernier, dans un township des environs de Pretoria, Mothutlung, les habitants ont dû être approvisionnés par camions-citernes pendant plusieurs jours, les robinets étant à sec. Des maladies liées à l’eau se sont rapidement déclarées, provoquant de violentes manifestations, faisant cinq morts suite à des affrontements avec la police.
Mothutlung n’est pas un cas isolé. Les habitants des townships, à côté desquels les autorités de l’apartheid avaient souvent construit des stations d’épuration desservant les quartiers chics, descendent régulièrement dans la rue pour exiger de l’eau potable. En 2011, un homme avait été battu à mort par des policiers, acquittés depuis, dans l’Etat libre (centre), lors d’une émeute provoquée par le manque d’eau. Un sommet de l’eau est prévu en août dans le pays par les autorités pour trouver une solution à la situation.