Trois anciens policiers sud-africains comparaissent depuis le 18 novembre 2024 devant un tribunal de Benoni, à l’est de Johannesburg, pour le meurtre de Caiphus Nyoka. Ce militant syndicaliste noir, âgé de 23 ans, a été abattu en pleine nuit le 23 août 1987. Une unité antiterroriste du régime de l’apartheid a organisé le raid.
C’est un procès emblématique sui s’est ouvert en Afrique du Sud pour des faits remontant à plus de 35 an6. Selon le parquet, Johan Marais, chef de l’unité spéciale antiterroriste, a minutieusement planifié l’opération meurtrière. Aux premières heures du jour, les policiers ont fait irruption dans la chambre de Nyoka. Ils l’ont identifié avec certitude, puis ont évacué ses compagnons et l’ont froidement exécuté de neuf balles. Cette nuit tragique a marqué un moment clé dans la lutte pour les droits des militants opposés à l’apartheid.
Johan Marais déjà reconnu coupable
Le chef de l’opération, Johan Marais, a plaidé coupable et a été reconnu responsable du meurtre le 12 novembre dernier. En attendant le prononcé de sa peine, les autorités l’ont libéré sous prudence. Cette mesure s’accompagne de strictes restrictions et il lui est interdit de communiquer avec ses trois coaccusés, désormais jugés pour leur implication dans ce crime.
Ce procès fait partie des rares affaires rouvertes des décennies après la fin de l’apartheid. La Commission Vérité et Réconciliation, mise en place après 1994, avait pourtant transmis plus de 300 cas graves au ministère public pour poursuites. Faute de volonté politique ou de moyens, très peu ont été traités. Aujourd’hui, ces affaires renaissent grâce à la persévérance des familles des victimes, qui, parfois, financent elles-mêmes des enquêtes privées.
Une quête de vérité au-delà des années
Le cas de Caiphus Nyoka rappelle celui d’Ahmed Timol, militant anti-apartheid, dont l’enquête a été interrompue par la mort du dernier suspect en 2021. Ces procès tardifs, bien que rares, incarnent l’espoir de justice pour les familles des victimes et soulignent l’importance de continuer à exhumer les vérités enfouies.