Frederik de Klerk refuse toujours de retirer sur ses propos sur l’apartheid, selon lesquelles séparer des populations qui ont des cultures et des langues différentes n’était pas une chose répugnante. Son attitude a profondément choqué l’Afrique du Sud qui n’a pas terminé de soigner ses plaies provoquées par la ségrégation.
Les propos sur l’apartheid de l’ancien président sud-africain Frederik de Klerk font toujours polémique. Dans une interview accordée le 10 mai à CNN, il a déclaré que l’idée de séparer des populations qui ont des cultures et des langues différentes n’était pas répugnante. Même s’il a ajouté que l’apartheid avait été un échec, et que le modèle n’était pas défendable d’un point de vue moral, ses propos ont profondément choqué en Afrique du Sud, où les plaies héritées de la ségrégation sont toujours saillantes. Frederik de Klerk a d’autant plus nourri la polémique dont il fait l’objet en refusant de retirer ses propos qui tendent à justifier le concept de « développement séparé », rapporte RFI.
L’ex-chef d’Etat a indiqué mercredi dans un communiqué que « cette polémique a été largement mal compris et mal interprétés ». Il a également affirmé avoir « seulement voulu expliquer pourquoi dans les années 1960-70, le jeune avocat et homme politique qu’il était alors, avait soutenu le concept de développement séparé. Cela fait longtemps que j’ai abandonné cette vision des choses pour répondre aux défis de l’Afrique du Sud. Je n’ai plus une once de conviction ou d’attachement au développement séparé. Quelles qu’en aient été les intentions, cela fait des années que j’ai conclu que c’est un échec et que cela a causé une injustice manifeste ». Il a assuré avoir déjà dit que « l’apartheid était une erreur » et s’être excusé.
Des excuses à la Nation sont réclamées
Son ancien secrétaire général, Dave Stewart, aujourd’hui à la tête de sa fondation, lui a prêté main forte en tentant de justifier sa position : « Il y a eu des partitions de territoires ailleurs dans le monde, rappelle-t-il. Prenez la Tchécoslovaquie, et plus récemment le Soudan, où les gens du Sud et du Nord se sont vu reconnaitre le droit à l’autodétermination. Mais avec le recul, cette solution était vouée à l’échec. Ici, d’abord parce que la répartition des territoires était injuste, et surtout parce que les Noirs y étaient opposés ».
Si ni le gouvernement sud africain ni le parti au pouvoir, l’ANC, n’ont souhaité commenter les déclarations de Frederik de Klerk, Lawson Naidoo, vice-président de la société pour la promotion de la Constitution sud-africaine, exige, quant à lui, qu’il retire ses propos et présente des excuses à la Nation. Selon lui, Frederik de Klerk « a tenté de justifier la ségrégation en disant que les Noirs avaient le droit de vote sur leurs territoires, alors que c’était la désolation sur ces territoires, selon lui. Et puis, sa comparaison avec la Tchécoslovaquie n’a aucun sens. N’oublions pas que les bantoustans et la suprématie raciale étaient les piliers du régime de l’apartheid ». Frederik de Klerk ne fera pas oublier de sitôt ses propos qui ont heurtés la Nation Arc en ciel de Nelson Mandela.