Appelé tel le messie à la rescousse du géant moribond Eskom, Andre de Ruyter, nommé PDG de la société en novembre dernier, était censé entrer en fonction le 15 janvier. Mais vu les urgences, il a été prié par le gouvernement d’avancer sa date de prise de service.
La charge qui pèse sur les épaules d’Andre de Ruyter, à compter de ce jour, est immense. Elle est ainsi résumée par Jackson Mthembu, un conseiller du Président sud-africain : « M. de Ruyter se penchera immédiatement, avec son équipe, sur les difficultés de gouvernance, de mauvaise gestion financière et de stabilité dans les opérations rencontrées par l’Eskom. Cela inclut la résolution des problèmes importants de manque de maintenance des centrales électriques anciennes et des structures défectueuses des centrales à charbon de Medupi et de Kusile ».
En effet, Eskom passe aujourd’hui pour un géant aux pieds d’argile. Ployant sous le poids d’une dette colossale évaluée à 26 milliards d’euros environ, soit de 15% du PIB sud-africain, la société est au bord de la faillite et risque de disparaître si l’Etat sud-africain ne prenait pas des mesures hardies. Et pourtant, il y a juste quelques années, Eskom faisait partie des fleurons de l’économie sud-africaine, au point d’être désignée « compagnie d’électricité de l’année 2001 » par le quotidien britannique Financial Times. L’entreprise s’est, au fil des années, engluée dans la spirale de la mauvaise gestion généralisée sur fond de corruption, d’investissements hasardeux, de contrats déséquilibrés. L’effectif de son personnel est devenu pléthorique, avec près de 50 000 employés.
Le nouveau PDG est également attendu sur ce chantier, puisqu’il est appelé à dégraisser l’effectif de la société, ce qui ne sera pas du tout facile en raison de l’opposition farouche des syndicats à toute tentative allant dans ce sens. Avec ces difficultés, Eskom n’arrive plus à tenir ses engagements en termes de fourniture d’électricité, d’où les délestages incessants qui font grogner les Sud-Africains depuis quelques semaines. Leur peine est d’autant plus grande que 95% de l’énergie électrique consommée en Afrique du Sud est fournie par cette société. L’Etat, qui a déjà injecté directement deux fois des fonds dans la société au cours de l’année 2019, se voit obligé de prendre le taureau par les cornes pour éviter la disparition de cette société qui a longtemps fait la fierté des Sud-Africains. C’est justement la prise de ces mesures qui a conduit à la nomination d’Andre de Ruyter à la tête d’Eskom.