Afrique du Sud : le groupe Matsamo fait sa tournée


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Le groupe au complet

Le groupe Matsamo perpétue les chants, danses et musiques ancestrales swazis. Lors d’une tournée européenne, tout l’été, ils sont une trentaine à représenter leur culture et leur village traditionnel, situé à la frontière entre l’Afrique du Sud et le Swaziland. Quand les voix sont une invitation au voyage…

La voix est pure, cristalline et prend son envol, portée par les chœurs. La chanteuse n’a pas 20 ans et ceux qui l’accompagnent font tout aussi jeunes. Débarqués à Paris dans la matinée de cette belle journée du mois de mai, les chanteurs swazis du groupe Matsamo tiennent à donner un petit aperçu de leur talent. Ils enchaînent plusieurs chants mélodieux et poétiques au cours desquels la gestuelle tient toute sa place. Ils tapent des pieds, claquent des doigts, frappent dans leurs mains. « Les pas effectués sont très importants », note le chef de chœur. Le tout ponctué de sifflements et de bruits de bouche dépaysants. Ils sont une trentaine, sur les 96 personnes que compte le groupe en Afrique du Sud, à avoir fait le voyage pour une longue tournée européenne estivale.

« Nous sommes déjà venus en Europe, en 2004, en Slovaquie et en Autriche. A chacun de nos déplacements, nous avons une énorme pression. Nous mettons un point d’honneur à être parfaits car nous ne sommes pas seulement un groupe. Nous sommes les ambassadeurs de la culture swazi », explique Vivian Nkosi, le jovial porte-parole du village Matsamo, dans lequel est né le groupe.

Mode de vie traditionnel

En effet, cet ensemble de jeunes chanteurs et danseurs fait partie d’une communauté swazi de la région de Mpumalanga (à la frontière entre l’Afrique du Sud et le Swaziland) qui, en 2001, a créé un village traditionnel et un centre culturel afin de sauvegarder leur mémoire et leur patrimoine. Le centre culturel regroupe différentes formes d’arts populaires et organise des activités (cours de musique, chant, danse, théâtre, poésie et expression orale) à destination des étudiants et des adolescents. La communauté, qui vit dans le village traditionnel, compte quelque 150 adultes et une quarantaine d’enfants. Ils vivent selon les préceptes et coutumes ancestrales de leur ethnie.

Ils élèvent bétail et poulets selon leurs méthodes, cultivent des légumes tombés en désuétude, comme le haricot vert africain, que plus personne ne mange, arrivant à préserver l’harmonie homme/nature si chère à leurs anciens. Pour le mariage, il faut toujours s’acquitter de la lobala (dot) qui est de 15 vaches pour une femme et un homme peut être polygame, « tant qu’il peut traiter correctement et de manière égale toutes ses femmes », précise doucement la jolie Nomalanga Shongwe, qui fait partie du groupe. Les Swazis, chrétiens, pratiquent un syncrétisme religieux. « On va à l’église tous les dimanches mais on respecte aussi nos ancêtres », résume Nomalanga. On trouve écoles et dispensaires en-dehors du village, dont l’action est largement soutenue par les Swazis riverains.

Des chansons nées il y a 500 ans

Plusieurs milliers de touristes visitent le village chaque année : des étrangers, venant principalement des Pays-Bas, de France (20 000) et d’Allemagne, mais aussi des élèves des écoles environnantes. Le tourisme permet un développement durable de la communauté et fait directement vivre une centaine de personnes. Le village peut accueillir 50 visiteurs simultanément qui s’habilleront à la mode swazi et mangeront swazi… mais dormiront dans des huttes aménagées avec climatisation et douche. Les habitants, eux, vivent de façon traditionnelle, dans des huttes en paille et en boue, sans électricité.

« Le village a été créé par la communauté qui souhaitait effectuer des recherches sur ses racines et préserver son patrimoine. Moi je suis de Pretoria, je suis venu les aider à s’organiser, notamment au niveau du groupe. Et puis je suis resté, je suis tombé amoureux d’eux ! » explique Jan Lombard, aujourd’hui directeur du village, intarissable lorsqu’il s’agit de parler de ses protégés… « Les Swazis font partie des onze ethnies sud-africaines. Ils ont leur propre langue, culture et traditions. Il y a plus d’1,5 million de Swazis en Afrique du Sud, soit plus qu’au Swaziland, qui compte seulement 1 million d’habitants. Le groupe de musique et danse est purement swazi. Il interprète des chansons traditionnelles très anciennes qui n’ont subi aucune influence coloniale. Certaines datent de 500 ans ! Leur musique est 100% naturelle, avec des instruments traditionnels qu’ils fabriquent eux-mêmes sans aucun ajout technique ou électronique. » Précisant : « Le groupe n’est pas une entreprise commerciale, ce sont vraiment les habitants du village qui ont décidé de le créer. Les jeunes sont formés au sein de la communauté. Ils apprennent les chants, les danses, la fabrication des instruments. »

Pour les découvrir un peu plus et, surtout, frissonner à l’écoute de leurs voix, guettez leur passage ! En France, ils seront notamment l’un des événements du 49e Festival de Confolens (9-15 août), un festival d’arts et traditions populaires du monde qui accueillera aussi Enrico Macias.

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