Pendant que le secteur du tourisme, dans son ensemble, est très affecté par la pandémie du Coronavirus, la réserve animalière de Dinokeng ne manque pas de solutions pour tenter de réduire les dégâts.
En Afrique du Sud, avec près de 560 000 cas de Covid-19 recensés, le pays concentre la moitié des infections du continent et est à la 5ème place des pays les plus touchés au monde par la pandémie. Laquelle y a déjà fait plus de 10.000 morts dans ce pays d’Afrique Australe. Le gouvernement de Cyril Ramaphosa a mis en place l’un des confinements les plus stricts au monde, dès la fin du mois de mars.
Depuis, ces mesures ont été peu à peu rendues plus flexibles pour des raisons économiques, malgré l’arrivée du pic de l’épidémie. Cependant, les frontières de l’Afrique du Sud restent toujours fermées, privant le pays de touristes internationaux. Le secteur doit donc composer avec les touristes sud-africains, autorisés à voyager seulement au sein de leur province.
Pour se tirer d’affaire, il fallait bien donc être imaginatif, comme l’est le parc de Dinokeng. Situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Pretoria, ledit parc est désormais très prisé par les Sud-Africains. Après deux mois de fermeture, au début du confinement, il sort de son long sommeil et attire les citadins de la province, qui souhaitent s’échapper pour quelques heures et oublier un temps la pandémie.
« Il y a beaucoup de restrictions dans nos vies, en ce moment. Mais, au moins, on peut venir à Dinokeng pour sortir de la ville un peu, et prendre de l’air. On pourrait croire que c’est juste un jour normal dans la réserve jusqu’à ce qu’on croise d’autres gens avec des masques », se soulagent Colin et ses amis.
Et dans le Gauteng, qui englobe les villes de Johannesburg et Pretoria, Dinokeng est la seule option pour voir les «Big Five», les animaux qui font la renommée de ces parcs. « Je suis super excitée, parce que cela fait très longtemps que je n’ai plus vu d’animaux sauvages ! J’aimerais beaucoup voir un lion et un rhinocéros. Mais ça fait déjà beaucoup de bien, juste d’être là », explique Isabella, sourire aux lèvres, du haut de ses douze ans.
Johannes, qui encaisse les tickets d’entrée à la chaîne, ne se plaint pas : « Il y a vraiment du monde… Sur un week-end, plus de 2 000 visiteurs. Ils n’ont pas d’autres endroits où aller. Donc, c’est bon pour nous ! ». Un engouement qui permet de rattraper les pertes occasionnées par la fermeture de la réserve, fin mars, selon son directeur David Boshoff.
« À l’époque, il n’y avait aucun touriste autorisé dans le parc ; donc pas de rentrée de revenus. Et sans ces rentrées, on n’a pas assez d’argent pour s’occuper correctement du parc, et protéger sa faune. Et il y a eu une augmentation du braconnage, avec la pose de pièges pour attraper notamment des antilopes », explique David Boshoff
Voilà comment on peut relancer quelque peu le secteur du tourisme, qui contribue indirectement à 8% du PIB sud-africain, selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme, et fait travailler un million et demi de personnes. Un chiffre non négligeable en termes d’emploi, selon Chiedza Madzima, analyste chez Fitch Solutions.
« C’est un secteur clé, car il est très intense en main d’œuvre. Cela représente 9.2% du nombre total d’emplois dans le pays. Je pense que pour les deux prochaines années, les perspectives pour le tourisme sud-africain resteront très mauvaises. Et même si les frontières rouvrent, cela ne veut pas dire que le consommateur moyen aura suffisamment d’argent pour voyager », précise Chiedza Madzima.
Le redressement de ce secteur d’activité est d’autant plus urgent que, selon le ministère sud-africain du Tourisme, le secteur aurait déjà perdu près de 2,5 milliards d’euros à cause du confinement.