Ce samedi, à deux heures du matin, au moins 500 policiers sud-africains ont lancé l’assaut contre les lieux de résidence des mineurs de Marikana, toujours en grève après cinq semaines de mobilisation. Ils revendiquent toujours une hausse de salaire à même de tripler leur rémunération mensuelle. L’augmentation de 98 euros proposée vendredi matin par Lonmin a été rejetée.
La police sud-africaine répond à l’appel du président Jacob Zuma d’en finir avec la grève. Cela fait cinq semaines que les mineurs de Marikana, employés de Lonmin, manifestent contre les conditions de sécurité et les bas salaires. Les négociations tripartites, entre la société britannique, les syndicats et mineurs, n’ont pour l’heure pas été concluantes. Ainsi, 500 policiers sud-africains ont lancé ce samedi, à deux heures du matin, un assaut contre les lieux de résidence des mineurs grévistes. Sans compter les 150 militaires déployés dans la région pour assurer l’ordre.
Les autorités sud-africaines assument
Depuis le 10 août, les mineurs de Lonmin, troisième producteur mondial de platine, font grève pour protester contre les conditions de sécurité et réclamer une revalorisation salariale à même de tripler leurs revenus passant de 400 euros à 1 200 euros mensuels. L’offre de la société britannique, portant sur une augmentation de 98 euros, a été rejetée. Les mineurs prévoyaient vendredi de manifester devant le siège du gouvernement à Pretoria. Ce qui expliquerait, peut-être, cette intervention inopinée de 500 policiers, appuyés par 150 militaires, contre les lieux de résidence des mineurs grévistes.
Selon la chaîne sud-africaine d’information eNCA, la police a agi manu-militari « mettant tout sens dessus-dessous ». Et de préciser que les forces de l’ordre ont « rempli plusieurs camions de bâtons traditionnels et machettes saisis », rapporte LeMonde.fr.
Le gouvernement sud-africain assume cet assaut lancé contre les mineurs de Marikana. « Il est nécessaire d’intervenir car nous sommes arrivés à un point où il faut faire des choix importants », confie à l’AFP Mac Maharaj, porte-parole de la présidence. « Si nous laissons cette situation se développer, l’économie va en souffrir gravement », se justifie-t-il.
Nouveaux affrontements entre policiers et grévistes
Suite à la descente de la police, les mineurs se sont réunis près du lieu de la fusillade du 16 août qui a causé la mort de 34 manifestants tombés sous les balles des forces de l’ordre.
Ce qui a donné lieu à de nouveaux affrontements entre les policiers et les mineurs. « Les gens ont eu peur. La police a tiré sur des gens innocents qui ne faisaient que se rassembler pour entendre le compte-rendu (des négociations de ce vendredi), nous ne savons plus quoi faire […] ni où nous réunir », dénonce Molisi Phele, membre du mouvement des mineurs grévistes.
Selon LeMonde.fr, la police « a fait usage de gaz lacrymogène pour les (mineurs) disperser […] (et) a répliqué (contre les grévistes qui avaient érigé des barricades avec des pneus incendiés et de rochers) par des tirs de balles en caoutchouc ». Des heurts qui auraient fait plusieurs blessés dont deux femmes, selon l’agence Sapa.
Rappel du bilan
Depuis cinq semaines, 3 000 mineurs employés de la société britannique Lonmin font grève pour protester contre les conditions de sécurité et réclamer une hausse des salaires. Ce conflit social a pris une tournure dramatique le jeudi 16 août lorsque la police sud-africaine a ouvert le feu sur les manifestants en causant la mort de 34 grévistes. Sans oublier les dix autres morts à la suite de luttes intersyndicales. Au total, le mouvement social des mineurs de Marikana dispose à son actif de pas moins de 44 tués à déplorer.
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