
Sous pression de ses partenaires de coalition et face à une levée de boucliers populaire, le gouvernement sud-africain a abandonné son projet de hausse de la TVA. Une volte-face inédite qui révèle la fragilité de l’exécutif et les tensions grandissantes autour du budget national.
C’est un tournant politique majeur en Afrique du Sud. Le gouvernement a annoncé qu’il renonçait à l’augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), initialement prévue dans le cadre du budget 2025. Cette volte-face, dictée autant par des considérations sociales qu’électorales, vise avant tout à préserver la fragile coalition au pouvoir, ébranlée par les dissensions internes sur cette mesure impopulaire.
Un projet fiscal contesté dès le départ
Dès son annonce, l’intention du ministre des Finances, Enoch Godongwana, d’augmenter la TVA d’un point de pourcentage avait suscité une vive opposition. Membre du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, Godongwana justifiait cette mesure par l’urgence de rééquilibrer les finances publiques, mises à mal par des années de croissance molle, de dettes croissantes et de dépenses sociales massives. Mais l’argument économique n’a pas suffi à convaincre les partenaires politiques, ni les Sud-Africains, déjà éprouvés par la flambée du coût de la vie.
Le revirement s’est produit sous la pression directe de l’Alliance démocratique (DA), deuxième force politique du pays et partenaire clé de la coalition. La DA a brandi la menace de quitter le gouvernement, accusant la mesure de frapper durement les plus démunis. Pour la DA, une hausse de la TVA aurait agi comme un impôt déguisé sur la consommation, au détriment des ménages les plus vulnérables. L’ANC, conscient du risque d’effondrement de la coalition, a donc été contraint de faire marche arrière.
Un rejet inédit du budget national par le Parlement
La fronde politique ne s’est pas arrêtée là. D’autres partis ont exprimé leur refus catégorique d’approuver cette mesure, au point de forcer le Parlement à rejeter le budget national — une décision sans précédent dans l’histoire démocratique du pays. Ce camouflet parlementaire a précipité l’annonce du ministère des Finances, confirmant officiellement l’abandon de la hausse de la TVA initialement programmée à partir du 1er mai.
Ce recul illustre les limites de la coalition actuellement au pouvoir et la fragilité des équilibres politiques en Afrique du Sud. À quelques mois d’échéances électorales cruciales, le gouvernement de Cyril Ramaphosa doit désormais revoir sa copie budgétaire sans aggraver les tensions sociales. Reste à savoir quelles alternatives seront proposées pour combler le déficit sans s’aliéner la population ni compromettre la stabilité de l’exécutif.