Afrique du Sud : Jacob Zuma exclu de l’ANC


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Jacob Zuma
Jacob Zuma

L’ANC a officiellement exclu l’ancien président, Jacob Zuma, de ses rangs. La commission disciplinaire du parti reproche à l’ancien chef d’État d’avoir pris la tête d’un parti rival de l’ANC aux dernières élections.

En Afrique du Sud, l’ANC a éjecté de ses rangs l’ancien président Jacob Zuma. La décision, signée ce lundi, mais ayant fuité dimanche, est la conséquence d’une procédure d’exclusion entamée depuis le 17 juillet 2024. En cause, la présidence par Jacob Zuma d’un parti opposé à l’ANC, uMkhonto we Sizwe (MK) et qui s’est présenté aux élections de mai. Tout ceci alors que l’ancien président continue de revendiquer son appartenance au parti de Nelson Mandela. Deux positions antinomiques, de l’avis des responsables de l’ANC.

« L’ancien Président Jacob Zuma a activement porté atteinte à l’intégrité de l’ANC et a fait campagne pour déloger l’ANC du pouvoir tout en affirmant qu’il n’avait pas rompu son adhésion. Sa conduite est inconciliable avec l’esprit de la discipline organisationnelle et la lettre de la constitution de l’ANC », a expliqué Fikile Mbalula, secrétaire général du parti. Jacob Zuma a la possibilité de faire appel devant la commission disciplinaire du parti dans un délai de 21 jours. Il sied de rappeler qu’en janvier déjà, l’ancien chef d’État avait été suspendu de l’ANC après s’être allié au MK.

Un des vétérans du vieux parti

Ayant intégré l’ANC en plein apartheid en 1959, Jacob Zuma est l’un des vétérans de ce parti créé en 1912 et un des héros de la lutte contre le régime de l’Apartheid. Élu à la Présidence de son pays en 2009, il sera contraint à la démission en 2018, soit un peu plus d’un an avant la fin de son mandat pour des faits de corruption très graves. Malgré sa déchéance, Jacob Zuma garde une forte popularité au sein d’une partie de la population et même dans une certaine frange de l’ANC.

Sa condamnation et son incarcération en 2021 pour outrage à magistrat avaient donné lieu à de violentes manifestations ayant entraîné la mort d’au moins 350 personnes dans le pays. Une autre preuve de son poids politique a été donnée par le résultat de son nouveau parti aux dernières élections où le MK a obtenu 58 des 400 sièges en jeu, soit 14.5 % des suffrages. En face, l’ANC n’a eu que 40 %, le score le plus bas réalisé par le parti depuis son accession au pouvoir. Ces résultats démontrent que la concurrence de Jacob Zuma a été fort nuisible au parti qui a été contraint pour la première fois à collaborer avec l’opposition.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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