Noël Kokou Tadegnon a decroché le 9 septembre dernier, à Grahamstown, en Afrique du sud, le trophée « Highway Africa Digital journalism Award 2008 » dans la catégorie « corporate ». Ce prix lui a été attribué pour la qualité et la richesse du site www.mediatogo.info qu’il anime depuis 2000.
«Je dédie ce prix et à tous ceux qui se battent pour le développement des nouvelles technologies et la liberté de presse dans le monde», a lancé le journaliste togolais Noël Kokou Tadegnon en recevant le Highway Africa Digital journalism Award 2008. Et d’ajouter : « Je n’oublie pas également de dédier ce prix à mon confrère nigérien Moussa Kaka emprisonné depuis bientôt un an ».
Le site Media Togo est crée, selon son auteur, « pour donner plus de visibilité a la presse togolaise ». Ce prix vient réconforter Noël Kokou Tadegnon qui ambitionne d’améliorer la promotion des nouvelles technologies de l’information (Ntic) dans son pays.
« Je compte mettre en ligne sur www.mediatogo.info des modules de formation sur les nouvelles technologies afin d’aider les journalistes togolais à saisir les immenses opportunités qu’offrent les Ntic », a-t-il confié.
Avec près de 700 participants venus de toute l’Afrique et du monde, la conférence réunissait journalistes, étudiants, universitaires, pour débattre du journalisme en Afrique et des nouvelles technologies de l’information. « Citizen journalism, Journalism for citizens », était le thème cette 12ème édition de Highway Africa qui s’est tenue la semaine dernière.
Un riche parcours
Noël Kokou Tadegnon, gamin du quartier Nukafu, a accompli l’american dream qui donne la fièvre à tout gosse. Il annonçait depuis huit ans, son rêve de devenir journaliste. Eh bien, il y est parvenu d’une fort belle manière.
« Cet homme est dangereux ! Il est mon cerveau » dit de lui un confrère. Noel Kokou Tadegnon a le vent en poupe. Lui seul sait manier micro, camera, appareil photo, plume, clavier d’ordi…à la manière d’Emmanuel Braun, son idole et Chef à Reuters.
« Les Américains ont inventé le mot entertainment et l’on peut mettre ce que l’on veut dedans. Je dirais que je suis un diseur de choses qui utilise tous les supports possibles pour cela. Je n’ai pas l’impression de me disperser », explique-t-il.
Depuis ses débuts sur Radio Kanal Plus, la première radio privée au Togo dans les années 90, comme présentateur de journal et animateur de la rubrique sport, Noël passera également des moments nostalgiques sur radio Nostalgie (qui a remplacé Kanal Plus).
En Novembre 1999, il posa ses valises chez « la plus belle Dame de Lomé », à Nana FM donc, en tant que Rédacteur en Chef. Une radio sur laquelle il a imposé talent et bagou, tant il a conduit une équipe jeune et dynamique avec pour seul leitmotiv: la recherche de la qualité de l’information.
Simultanément, il collabore depuis 7 ans comme vidéo reporter et photojournaliste à Reuters. Avec 16 ans de journalisme (dont 15 à la radio 9 ans comme rédacteur en chef radio), Noël décida il y a un an (ou presque) de travailler à son propre compte. Une aventure qui lui va plutôt bien. « J’aime bien travailler à mon rythme et jouir de ma liberté. Ca fait plaisir de se réveiller quand on veut et ne pas bosser quand on n’a pas le feeling », aime-t-il à dire.
Une passion avant tout !
Issu d’une famille de cinq enfants, Fo Kokou (prénom attribué par ses proches) est un malade du travail. Il ne peut rester un seul instant sans taper sur son clavier, ou bidouiller quelque chose. Un super hyperactif !
Ses nombreux voyages à travers le monde, appareil photo et caméra au poing, lui permirent de gagner de nombreuxes experiences. Dans son parcours, il collabore avec Aljazeera, la ZDF, WDF, Tiva TV (des chaines télé allemandes). Aussi, partage-il d’autres experiences avec la Deutsche Welle, Gabonews, apanews (Agence de Presse Africaine)… et autres journaux japonais et coréens.
Véritable bête de terrain, Noel Tadégnon a couvert 3 Sommets de l’Organisation des Nations Unies, de l’Union Africaine, 3 Coupes d’Afrique des Nations et la Coupe du monde 2006.
Le terrain, la grande école
« Je n’ai pas eu la chance de faire de grandes écoles de journalisme comme d’autres confrères. La passion et la détermination sur le terrain m’ont formé à devenir ce que je suis aujourd’hui », se souvient-il encore. Néanmoins, grâce à son sens du vouloir, Noël est sorti formateur au Centre de formation de l’Union des Radios et Télévisions Nationales d’Afrique à Ouagadougou au Burkina. Il a également coordonné plusieurs formations en radio et en Technologie d’Information et de la Communication.
Formé comme Journaliste Reporter d’Image (JRI) par Reuters, Noel est spécialisé dans la réalisation de reportages pour les journaux et les magazines télévisés. Caméra à l’épaule, il couvre tous les sujets d’actualité et les évènements du monde. L’une de ses forces réside dans sa capacité de filmer, de monter et de scripter une histoire en un temps record pour une transmission satellite.
La trentaine dépassée, Noel caresse l’ambition de monter sa propre chaine de télé où il recruterait ses compagnons de galère afin de réaliser cette aventure. Toutefois, il ajoute : « Je ferai de telle sorte que le salaire de base varie entre 200 et 300 000 F afin de mettre à l’aise les employés ».
Pour lui, l’échec des structures de média est le simple fait que « les fondateurs ficellent mal leur projet, et veulent le mener seul ». Il s’insurge également contre le fait qu’un présentateur télé ne gagne 20 à 30 000 F par mois par exemple.
Tendre et rebel, Noel Tadegnon est un « globetrotteur » généreux et plein d’humour qui ne peut pas passer un moment sans être connecté à internet. Entre deux reportages, il a quand même le temps de s’offrir une bonne bouteille de bière. On comprend pourquoi il a pris de l’expérience, et… du poids.
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