La bataille syndicale aura été rude. La grève la plus longue de l’histoire sud-africaine dans le secteur des mines va prendre fin avec la signature d’un accord ce mardi. Le travail reprendra ce mercredi.
Les différentes parties au prise dans cette crise doivent se réunir, ce mardi, pour signer l’accord qui entérine la fin de la grève. L’Association des mineurs et des syndicats dans la construction (AMCU), le syndicat qui a piloté ce mouvement social historique, a fait approuver aux mineurs, par acclamation, les différentes facettes de cet accord, lundi. Plus de 20 000 grévistes étaient rassemblés pour un meeting, près de Rustenburg, dans le nord de l’Afrique du Sud.
Le travail va reprendre mercredi
« En acceptant la proposition salariale, vous nous donnez le pouvoir de signer. Demain (mardi) nous allons signer l’accord, ce qui signifie que la grève est officiellement terminée et que les salariés reprendront le travail mercredi », a clamé Joseph Mathunjwa à la tête de l’AMCU, rapporte l’AFP. L’accord prévoit une augmentation des salaires sur trois ans pour atteindre 12 500 rands, environ 840 euros. Le syndicat a aussi obtenu une hausse des allocations logement et la réintégration des 230 mineurs licenciés au cours de cette grève.
« Oui, oui », a hurlé la foule à la question de savoir s’ils voulaient la signature de cet accord. La situation n’était plus tenable pour ces milliers de mineurs asphyxiés financièrement. Depuis le début du mouvement le 23 janvier dernier, ils ont dû pour la plupart emprunter de l’argent afin de pouvoir subvenir à leurs besoins, en l’absence de salaire. Des ONG s’étaient mobilisées pour distribuer des vivres devant la dégradation des conditions de vie de ces travailleurs. Dans certaines villes comme Rutenburg, la mine peut représenter la moitié des emplois, ainsi que 60% de l’économie. Un mineur peut faire vivre avec son salaire jusqu’à 10 personnes dans la nation arc-en-ciel.
Une volonté forgée dans le sang
Les mineurs font partis des laissés pour compte de la croissance sud-africaine. « Nous avons obtenu en cinq mois, ce que d’autres ont obtenu en vingt ans », a déclaré Joseph Mathunjwa, selon RFI. Le président de l’AMCU attaque l’ancien syndicat majoritaire, le NUM, accusé de collusion avec le gouvernement et les entreprises minières. Ce mouvement annonce les prémices de luttes syndicales futures où les travailleurs n’hésitent plus à s’opposer directement au puissant ANC, le parti historique de la lutte anti-apartheid.
Considéré comme « radical » car ne voulant pas fléchir face à la pression des entreprises minières et du gouvernement, l’AMCU est en passe de signer un accord qui fait résonner le souvenir des grèves meurtrières de 2012. La revendication d’un salaire à 12 500 rands pour tous les mineurs est née à ce moment. La volonté des travailleurs s’est alors forgée dans le sang quand 34 ouvriers étaient tués par la police le 16 août 2012. Cet événement avait alors attiré les sympathies des mineurs pour l’AMCU, à l’origine de ce mouvement.
« Cette grève est pour la dignité de la classe ouvrière ici en Afrique du Sud. Nous sommes dans le droit chemin pour restaurer cette dignité de la classe ouvrière, notamment dans l’industrie minière », a ajouté le président de l’AMCU. « Les entreprises ont accepté l’essentiel de nos demandes (…) Cela n’a pas été facile », a-t-il encore indiqué, même si tous les mineurs ne pourront pas atteindre le niveau symbolique de 12 500 rands de salaire mensuel.