Afrique du Sud : démission de Mmusi Maimane, l’Alliance démocratique serait-elle en train de redevenir un parti de Blancs ?


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Mmusi Maimane
Mmusi Maimane

Dans notre article paru le 22 octobre au sujet de la démission du maire de Johannesburg, nous nous demandions ce que pouvait cacher pareil acte. Seulement quelques heures plus tard, la démission de Mmusi Maimane de la tête de l’Alliance démocratique (DA) est annoncée au grand jour. Ces deux démissions successives suscitent des questionnements.

La nouvelle de la démission du premier maire non membre de l’ANC (Congrès National Africain, en français) de la ville de Johannesburg n’a pas fini d’être digérée que survient celle de Mmusi Maimane, 39 ans, premier chef noir du principal parti d’opposition en Afrique du Sud, l’Alliance démocratique. Ancien électeur déçu de l’ANC, Maimane rejoint la DA en 2011, connaît une ascension fulgurante qui le porte à la tête du parti, seulement 4 ans plus tard, succédant à Helen Zille. Avec lui comme premier responsable, le parti obtient des résultats historiques aux élections locales de 2016 où il a réussi à souffler à l’ANC des villes clés parmi lesquelles, Johannesburg et Pretoria. Mais, avec les divergences internes qui sont apparues depuis quelques mois, la DA a subi des revers lors des élections générales de mai dernier, ne totalisant que 20,6 % des suffrages.
Ces divergences ont pris la forme de guerre ouverte entre Helen Zille et Mmusi Maimane qui a fini par déposer le tablier. Pour ce dernier, la DA ne répond pas à la vision d’une Afrique du Sud unie surmontant les problèmes raciaux qui est la sienne. « Ces derniers mois, il est devenu évident qu’il existe, au sein de l’Alliance démocratique, un groupe qui n’est pas d’accord avec moi, et avec la direction que prend le parti. Depuis des mois, j’assiste à des attaques systématiques et coordonnées de ma personne, de mon leadership afin que notre projet échoue et moi avec », a-t-il laissé entendre.
Ces griefs contre une certaine aile du parti rejoignent entièrement ceux qui ont poussé Herman Mashaba à démissionner de son poste de maire de Johannesburg. D’où la question suivante : la DA, anciennement connue comme un parti de Blancs, serait-elle en train d’acculer vers la sortie ses militants noirs ? Si cette hypothèse s’avérait, ce serait l’opposition sud-africaine la première perdante, puisque la DA, en tant que principal parti de l’opposition, a réussi à ébranler l’ANC, exploit qu’aucun autre parti n’avait réussi jusque-là.
Affaire à suivre.

A lire : Que cache la démission du maire de Johannesburg ?

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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