La XIIIème conférence mondiale sur le sida s’est ouverte hier à Durban en Afrique du Sud. Le thème de cette année : « briser le silence ». Un mot d’ordre nécessaire, surtout en Afrique australe, région la plus touchée au monde par l’épidémie.
L’Afrique compte 24,5 millions de personnes vivant avec le virus du sida. Le dernier rapport des Nations-Unies sur la pandémie, rendu public en juin dernier, annonçait comme en prélude à la conférence de Durban des chiffres terrifiants pour le continent africain. L’Afrique australe est la région la plus touchée, et l’Afrique du Sud compte à elle seule 4,2 millions de personnes infectées – soit 10% de sa population. Comment expliquer cette fulgurante expansion du sida dans la région ?
Plusieurs facteurs entrent en compte : l’activité sexuelle précoce chez les jeunes, l’impuissance des femmes à exercer un contrôle sur leur vie sexuelle, les guerres qui ravagent cette zone sensible et fragilisent les populations, ainsi que des croyances dangereuses comme dans certaines zones rurales, où certains pensent que coucher avec une vierge guérit du sida…
Le sida, « honteuse maladie »
Le problème principal reste l’accès aux soins, bien entendu, mais surtout le fait que le sida soit considéré en Afrique en général, et en Afrique australe en particulier, comme une maladie « honteuse ». Par peur de la discrimination, du rejet, de l’isolement dont sont victimes les malades du sida en Afrique du Sud, personne ne veut se faire dépister ou révéler son statut de malade : 70% des séropositifs du pays ne sont pas dépistés. « Briser le silence » prend alors tout son sens.
Le directeur sud-africain de l’Association africaine nationale des personnes vivant avec le sida (NAPWA) s’appelle Nkululeko Nxesi, il a 26 ans et il est séropositif. Sur le site du XIIIème congrès, il explique : « La plupart des gens sont très mal informés. Beaucoup ne croient pas que le virus existe, et la plupart pensent que si une personne est infectée, c’est qu’elle s’est mal conduite. Briser le silence est la première chose à faire, pour faire prendre conscience que le sida est une réalité. Le fait même que le congrès se tienne à Durban, peut vraiment aider en ce sens. »