Afrique de l’Ouest : la sociologie en quête de reconnaissance et de qualité


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Jean-Pierre Olivier de Sardan
Jean-Pierre Olivier de Sardan

Trois questions à Jean-Pierre Olivier de Sardan, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (IHESS) de Marseille, directeur de recherches émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris, et professeur associé à l’Université Abdou-Moumouni à Niamey, au Niger.

Pensez-vous que les pays d’Afrique de l’Ouest, sujets de votre expertise, disposent de suffisamment de sociologues pour leurs différents besoins ?

Cela dépend de quels besoins. En première année de sociologie, il y a plus de 1 000 étudiants dans les diverses universités d’Afrique de l’Ouest. C’est trop. Mais la très grande majorité va travailler dans des ONG ou des projets de développement ou des ministères, ou bien ils vont faire de la consultance et non de la recherche. Nous manquons beaucoup de sociologues de bon niveau faisant de la recherche de terrain solide.

Pensez-vous que les études sociologiques influencent suffisamment les décisions politiques et de gestion en Afrique de l’Ouest ?

Pas du tout. Là aussi il faut des sociologues de terrain faisant des diagnostics de qualité, qui puissent identifier les effets inattendus des politiques publiques. On en manque. Mais même quand il y en a, les décideurs n’écoutent pas. La règle chez les décideurs c’est de célébrer leurs succès, et inversement la mise en évidence des insuffisances, des difficultés et des problèmes est hélas toujours mal prise, non écoutée, alors que c’est leur seul moyen pour améliorer les interventions et le fonctionnement des services publics.

De quoi auraient besoin ces pays pour améliorer les choses, concernant la pratique sociologique ?

D’une meilleure formation de sociologues de terrain, en particulier au niveau méthodologique, pour qu’ils produisent des données de meilleure qualité, et qu’il y ait plus de recherches qualitatives à côté des recherches quantitatives. D’un dialogue soutenu entre sociologues et décideurs. Et d’un financement de programmes de recherche par les États et pas seulement par les bailleurs de fonds internationaux.

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