Afrique de l’Est : la liberté de mouvement va faciliter la vie des éleveurs


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Les communautés pastorales d’Afrique de l’Est vont profiter de l’assouplissement des frontières nationales de la région à la suite des efforts conjoints déployés afin de réduire les risques associés à leur migration.

« L’entrée en vigueur [le 1er juillet] du protocole sur le marché commun va permettre aux éleveurs, comme les Masais, les Pokots et les Somalis, communautés qui n’accordent aucune signification aux frontières car elles ont de la famille dans plus d’un pays, de bénéficier d’une meilleure liberté de déplacement au-delà des frontières », a dit à IRIN Augustine Lotodo, député à l’Assemblée législative d’Afrique de l’Est, le 30 juin.

Le protocole facilite la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux dans les cinq pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est : le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie.

Le 29 juin, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Kenya, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Institut d’études sécuritaires (ISS) ont lancé Security in Mobility (SIM, Sécurité dans la mobilité), une initiative régionale visant à concilier le mode de vie et les besoins sécuritaires des communautés pastorales avec les priorités sécuritaires de toute la région.

M. Lotodo, qui a assisté au lancement du projet SIM, a dit : « Cette initiative est l’une des meilleures choses qui soient arrivées aux bergers depuis longtemps. À l’époque coloniale, le pastoralisme était respecté et les bergers avaient le droit de se déplacer librement, mais après l’indépendance, les restrictions aux frontières ont nui à leur mode de vie.

« Le projet Security in Mobility permet aux communautés pastorales de perpétuer leurs traditions et leur culture tout en profitant de services modernes, comme la santé et l’éducation ».

Jeanine Cooper, chef du bureau d’OCHA au Kenya, a dit que les bergers et leur mode de vie étaient menacés par différents facteurs, notamment la dégradation de l’environnement, les conflits liés aux ressources, les changements du régime foncier, la mauvaise gouvernance et les politiques transfrontalières contraignantes.

Mark Bowden, Coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour la Somalie, a indiqué que de nombreux bergers n’étaient plus en sécurité lors de leurs déplacements et séjours dans des « territoires étrangers », et qu’aucun cadre officiel ne garantissait leur sécurité.

Accès aux marchés

Choice Okoro, chargée du plaidoyer à OCHA au Kenya, a dit à IRIN : « Les évaluations consultatives menées ces deux dernières années dans le cadre du projet Security in Mobility avec les bergers des régions frontalières du Kenya, de l’Ouganda, de la Somalie, de la Tanzanie, du Soudan et de l’Éthiopie ont mis l’accent sur l’accès aux marchés, considéré comme l’un des principaux défis auxquels les bergers sont confrontés ».

« Le projet SIM demande notamment d’apporter un meilleur soutien aux bergers et de faciliter leurs déplacements au-delà des frontières. Cela implique d’aider les bergers à accéder aux marchés ».

Le protocole « concerne trois pays d’intérêt pour le projet SIM : le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Des projets similaires vont permettre de concilier les marchés et les déplacements des bergers avec les priorités économiques de la région dans les autres pays frontaliers du Kenya dans la Corne de l’Afrique – la Somalie, l’Éthiopie et le Soudan », a indiqué Mme Okoro.

Changement climatique

Les responsables du projet SIM ont indiqué que presque 10 millions de personnes vivant dans la région, et notamment trois millions de bergers, avaient été menacés par la famine en raison de la sécheresse qui a sévi en 2009.

Selon SIM, les effets du changement climatique et ses conséquences pour les communautés pastorales n’ont jamais été aussi flagrants, et des indications laissent entrevoir une augmentation des migrations et des conflits liés aux ressources souvent insuffisantes.

Les organisations ont indiqué que « des millions de personnes ont eu besoin d’aide en raison de faiblesses, d’un manque de préparation et de réponses appropriées, opportunes et pertinentes aux situations de catastrophes naturelles ».

Le projet demande la mise en œuvre d’une action nationale et transfrontalière afin d’aider les communautés pastorales à faire face aux impacts du changement climatique et exhorte les gouvernements à fournir un passage sécurisé aux frontières dans les régions de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique de l’Est.

« L’approche d’intervention de Security in Mobility cherche à répondre aux problèmes des bergers par la mise en œuvre d’une approche commune qui prévoit la fourniture d’une aide humanitaire ; la fourniture de services de base comme l’eau et les installations sanitaires ; l’aide aux migrations et des initiatives sécuritaires globales », ont indiqué les organisations.

« Les déplacements sont généralement associés aux conflits et ce risque doit être pris en compte et réduit », ont recommandé les organisations. « Les bergers sont frustrés par les politiques d’aide humanitaire actuelles et demandent des solutions viables qui aboutissent à des changements ».

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