Canal France International, opérateur de la coopération internationale de l’audiovisuel français, met depuis quelques années son expertise au service de la formation des professionnels africains. Elle vient de le faire en invitant trois télévisions africaines au Festival de Cannes qui s’est achevé ce dimanche. Une façon de promouvoir la fourniture de programmes « pour le Sud par le Sud». Guillaume Pierre, directeur Afrique de CFI, revient sur l’évolution du partenariat de son organisation avec les télévisions africaines.
CFI met à disposition des télévisions africaines 250 heures par an de programmes africains (fictions, documentaires, séries, émissions musicales), soit environ 5h de programmes par semaine. A cela s’ajoute un package d’information quotidiennes, soit 300 heures chaque année, entre 300 et 400 heures de productions françaises et la couverture de grands évènements comme le Festival de Cannes, couvert par trois télévisions africaines, la Champion’s league ou bientôt la Coupe du Monde.
Afrik.com : Que représente l’Afrique dans le portefeuille de Canal France International (CFI)?
Guillaume Pierre : C’est le continent du cœur de CFI. Depuis 20 ans, CFI est le partenaire des télévisions africaines. Pendant de longues années, nous avons essentiellement fourni des programmes aux télévisions africaines. Pour le Festival de Cannes par exemple, CFI mettait à leur disposition un magazine quotidien de 15 minutes qui était fabriqué par des journalistes français. L’évolution vient du fait, qu’en plus de la fourniture de programmes, nous faisons de la formation pour aider les professionnels africains à les produire eux-mêmes. Si on reste sur l’exemple de Cannes, nous avons invité des équipes sénégalaise, burkinabé et égyptienne à couvrir l’évènement. Ce n’est plus Cannes vu par le Nord pour le Sud, c’est Cannes vu par le Sud pour le Sud.
Afrik.com : De quand date cette petite révolution ?
Guillaume Pierre : De quatre ou cinq ans. Aujourd’hui, elle est complètement assumée. Notre démarche est de continuer à aider les télévisions africaines à avoir des nouveaux programmes de qualité. Mais ces derniers sont de plus en plus confectionnés par des professionnels africains.
Afrik.com : Qu’attendent les télévisions africaines en général de leur partenariat avec CFI ?
Guillaume Pierre : D’abord, nous leur apportons un regard plus large, une dimension panafricaine. A Cannes, une équipe, composée entre autres de journalistes égyptiens, burkinabé et sénégalais, a conçu et proposé des programmes à toutes les télévisons africaines. Nous favorisons ainsi les rencontres entre professionnels. Ensuite, c’est difficile pour une télévision africaine de couvrir Cannes : c’est trop cher. Mais avec l’aide de CFI et la contribution de chaque télévision, nous arrivons à assurer une bonne couverture de l’évènement. Enfin, l’autre enjeu, c’est que les télévisions africaines, qui sont restées longtemps dans une situation de monopole, doivent maintenant faire face aux chaînes privées nationales et aux télévisions étrangères diffusées par satellite. Par conséquent pour rester compétitives, elles ont besoin d’ émissions de qualité. Dans ce contexte, nos télévisions partenaires sont demandeuses d’une expertise pour améliorer leur programmation. Un exemple : la Coupe de Monde. CFI va coordonner un pool de 20 journalistes africains qui vont produire les commentaires de tous les matchs pour les télévisions du continent. Il aurait été trop onéreux pour chacune d’elle d’envoyer une équipe. Cette organisation permet, encore une fois, une mutualisation des moyens. Panafricain, formation et télévision de qualité : ces trois mots résument la valeur ajoutée qu’apporte CFI à ses télévisions partenaires.
Afrik.com : Vous avez eu un retour des chaînes africaines quant à la couverture du Festival de Cannes ?
Guillaume Pierre : Si je prends l’exemple de la télévision sénégalaise, elle a demandé un direct pour l’ouverture du festival et s’est acquittée des frais techniques. On ne peut pas encore faire un bilan exhaustif, mais dans l’ensemble les sujets ont été largement repris. Nous avons envoyé quatre ou cinq sujets par jour sur Cannes.
Afrik.com : Vous pensez rééditer l’opération cannoise ?
Guillaume Pierre : C’était une première, un opération test qui est un succès. Les sujets sont de qualité et ils sont repris. Nous allons essayer de réitérer la démarche en 2011 en l’élargissant à d’autres journalistes.
Afrik.com : Vos projets pour la zone Afrique ?
Guillaume Pierre : Ils sont nombreux mais la Coupe du Monde reste le projet le plus important parce que c’est la première Coupe du Monde africaine. Et pour la première fois, elle sera couverte par des journalistes africains. Nous avons par ailleurs engagé avec de nombreuses chaînes un travail de fond pour moderniser leur programmation. Cette année, nous travaillons avec des chaînes publiques et privées au Bénin, au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, à Madagascar et en République Démocratique du Congo.