L’ancien président américain Bill Clinton a annoncé, mardi, à New York, que deux compagnies indiennes fabriqueront des antirétroviraux génériques de deuxième ligne. Ces médicaments, conçus pour les malades ayant développé des résistances, seront vendus entre 25% et 50% moins chers dans 66 pays en développement d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine et des Caraïbes.
Un vieil adage dit que l’union fait la force. Le partenariat de la Fondation Clinton avec la Facilité internationale d’achats de médicaments (Unitaid) en est l’illustration. En mars dernier, ils avaient lancé un appel d’offre auprès des industries pharmaceutiques afin qu’elles créent des médicaments génériques de deuxième ligne – que l’on prescrit lorsque le malade développe des résistances. Mardi, l’ancien président américain Bill Clinton a annoncé, à Harlem, siège de sa fondation, que deux compagnies basées en Inde avaient accepté le challenge.
Soulagement des malades et des Etats
Pour ce faire, Cipla et Matrix vont s’attacher à réduire les coûts de production, notamment en utilisant du matériel moins cher et des techniques améliorées. Ainsi, à partir de juillet, quelque 66 pays en développement d’Afrique (continent le plus touché par la pandémie), d’Asie, d’Amérique Latine et des Caraïbes pourront accéder à ces médicaments. Leur coût sera réduit à hauteur de 25% dans les pays à faible revenu et de 50% pour ceux à revenu moyen, comme le Brésil ou la Thaïlande. Une révolution pour les malades de ces pays. On estime, dans le monde, à 400 000 le nombre de malades qui ont urgemment besoin de ces médicaments, mais que 100 000 n’y ont pas accès.
Quant aux Etats, ils devraient voir leurs dépenses fortement allégées par l’accord, qui porte sur 16 médicaments. Les antirétroviraux « nouvelle génération » produits par les géants coûtent en effet environ dix fois plus cher que ceux de la première. « C’est un fardeau très lourd pour les budgets de la santé des pays, et les gouvernements craignent partout dans le monde de ne pas pouvoir suivre. (…) Notre annonce d’aujourd’hui répond directement à ce défi et établit des bases non seulement pour des traitements ouverts à plus de gens mais aussi plus équitables, plus abordables et plus efficaces », a expliqué à la presse Bill Clinton, qui a fait de la lutte contre le sida un sacerdoce.
Par ailleurs, l’accord prévoit la réduction du prix du traitement de première ligne qui nécessite la prise d’une seule pilule. « Moins d’un an après le lancement d’un traitement du SIDA, qui nécessite une seule pilule quotidienne – ce qui est beaucoup plus facile pour les malades -nous avons obtenu un tarif de moins d’un dollar par jour pour les pays en développement. C’est 45% de moins que les prix actuels en Afrique et 67% de moins que dans plusieurs pays à revenus moyens », a assuré l’ancien chef d’Etat américain.
Les géants pharmaceutiques épinglés
Bill Clinton a a profité de l’occasion pour fustiger l’attitude des géants pharmaceutiques. « Aucune compagnie ne mourra jamais du prix élevé des médicaments antisida dans les pays à revenus moyens, mais les patients eux peuvent en mourir, a-t-il dénoncé. Je crois en la propriété intellectuelle (…) mais cela ne doit pas nous empêcher de fournir des médicaments essentiels et sauvant des vies à ceux qui en ont besoin dans les pays à faibles et moyens revenus. »
Le président d’Unitaid, et également ministre français des Affaires Etrangères, s’est déclaré « ravi » de l’accord obtenu avec la Fondation Clinton. « Chaque personne touchée par le VIH a droit aux médicaments les plus efficaces, et Unitaid vise à s’assurer qu’ils sont abordables pour tous les pays en développement », a indiqué Philippe Douste-Blazy. A terme, Unitaid espère répondre aux besoins en médicaments de 40 000 nouvelles personnes en 2007, de 130 000 en 2008 et de quelque 500 000 à la fin de cette décennie.