C’est la queue près des comptoirs d’embarquement. Afriqiyah ! C’est le nom de la compagnie qui stresse les voyageurs du Fespaco, ceux qui veulent rentrer à bon port, après une semaine intense de festival.
Aéroport de Ouagadougou, lundi 5 mars, 21h15
Départ du vol Ouagadougou- Paris, via Bamako et Tripoli…
C’est la queue près des comptoirs d’embarquement. Afriqiyah ! C’est le nom de la compagnie qui stresse les voyageurs du Fespaco, ceux qui veulent rentrer à bon port, après une semaine intense de festival. Parmi eux, Newton Aduaka, lauréat de l’étalon d’or, prend son mal en patience, les traits tirés. Jean Pierre Bekolo, étalon d’argent, cultive la zen attitude et le policier à l’entrée de la salle hurle à qui veut l’entendre : « Le vol est fermé ! » Prévu à 21h40, à quelle heure partira t-il ?
Tandis que le responsable de la compagnie de Mouammar Kadhafi vient clamer que beaucoup sont sur liste d’attente ou n’ont pas encore confirmé leur vol, d’autres sont atterrés de cette soudaine volte face. C’est même la cohue. On veut pousser les chariots pour aller s’enregistrer… A un moment, je réussis à passer et à faire peser mon bagage sans cependant obtenir ma carte d’embarquement ! Voilà qu’entre Manu Dibango, toujours souriant et de bonne humeur. Le créateur de la Soul Makossa voit-il ce qui se passe ? Non, car, il prendra le vol Air France qu’il aura bien mérité, après huit jours de cérémonial et autres obligations dues à son statut de parrain d’honneur du Fespaco… Mais quant il s’agit de voyager sur Afriqiyah, la patience devient une vertu cardinale. Et tant pis pour la comédienne Aissatou Thiam qui se voit contrainte d’aller saucissonner un bagage à main avec du cellophane. 1500FCA à la clé. Un peu plus loin, Sylvestre Amoussou, le réalisateur d’ Africa Paradis, fait de l’humour et appelle ses camarades à voix haute, comme à l’école. Présent !, répond alors l’intéressé. Et si les palabres continuent près de l’agent d’enregistrement, c’est que la lenteur est de mise avec cette charmante dame : « Moi je ne fais que prendre les bagages. Pour les cartes d’embarquements, il faut attendre la confirmation ! », lance t-elle imperturbable. Inutile donc de s’en faire. Mieux, les voyageurs continuent d’arriver et certains rappellent volontiers qu’il fallait être à l’aéroport à 19h pour arriver avant la tortue… ou le lièvre. Rien ne sert donc de courir, il faut partir à point… pour éviter les contrariétés. Comme Benson Diakité de RFI, qui s’est pointé à l’heure… Cela dit, la cinéaste Rahmatou Keita continue de faire les cent pas. S’interroge t-elle sur son embarquement incertain ? Son confrère cinéaste Mama Keita, revient enfin avec son billet confirmé. Et le vol, à quelle heure va t-il décoller ? Sans compter la liaison à Bamako puis à Tripoli, alors seulement, notre avion se posera à Paris le lendemain.
Afriqiyah, une compagnie au service du continent ?
Créee en 2001, la compagnie Afriqiyah qui, dit-on, aurait remplacé Air Afrique, assure des liaisons entre Paris et plusieurs capitales de l’Afrique de l’ouest via Tripoli. Il faut ensuite transiter par une deuxième ville pour atteindre sa destination ( Dakar, Ouagadougou, Niamey, Abdijan, Khartoum, Cotonou…) sans descendre de l’avion… La compagnie de la Jamahiriya lybienne répond ainsi à une demande forte, Tripoli étant aujourd’hui une escale obligée, avec des prix compétitifs et une prise en charge conséquente du fret ( jusqu’ à 47KG). Faisant face à la concurrence, notamment les tarifs exorbitants d’Air France ou les vols surbookés d’Air Burkina ou d’ Air Sénégal International comme en période de Fespaco, Afriqiyah en faisant d’une pierre trois escales, attire les voyageurs qui vont et viennent sur ses sièges sans prévoir retards, fatigue et tout le reste…
23h30, nous avons tous embarqué et il semble que le vol direct d’Air France va suivre au décollage avec Manu Dibango à l’intérieur ! Quelques minutes après, nous nous envolons. Bye bye Ouaga…
Paris, mardi 6 mars, au matin
Voler seul suffit-il ? Arriver est plus important ! Et récupérer tous ses bagages, ce qui n’a pas été le cas pour tout le monde à Roissy ce matin vers 11h30. Fatigués et pressés d’aller se reposer, une quarantaine de voyageurs ne voient pas un seul de leurs bagages sur le tapis roulant. Très peu en récupèrent une partie. L’irritation gronde. Une demi heure après, un agent d’escale vient annoncer que la livraison est terminée. Les réclamations fusent. Il faut remplir un formulaire, inscrire son nom, son adresse et surtout le numéro du bagage manquant ainsi que son numéro de téléphone pour être rappelé par l’aéroport. Laissés à Tripoli ? A Ouagadougou ? Bien entendu, aucun responsable de la compagnie n’est là pour répondre à la grogne généralisée des voyageurs lésés. Une femme responsable du festival d’Angers a laissé tous ses documents de travail dans sa valise, un autre passager ses médicaments, un troisième, du matériel de réalisation. Qui sait quand ils reverront leurs biens ? Pas d’information, juste de la patience, leur enjoint l’agent des réclamations de Roissy.
Si ce genre de désagréments se répète trop souvent sur Afriqiyah Airways, la compagnie ne désemplit pas sur ses vols. Quelle alternative alors pour les voyageurs qui ne peuvent faire autrement qu’emprunter ces lignes incertaines…