Un nouveau venu dans l’audiovisuel africain s’est fait connaître ce jeudi dans le cadre de la 22e édition du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) : Afrik.tv. La nouvelle agence d’images mise sur ses professionnels africains pour fournir des reportages en phase avec les réalités du continent au reste du monde. Entretien avec Joakim Afoutni, le directeur de la rédaction d’Afrik.tv.
Afrik.com : Afrik.tv est-elle une nouvelle télévision africaine ?
Joakim Afoutni : Afrik.tv n’est pas une nouvelle télévision africaine mais une agence de presse panafricaine qui a pour vocation de diffuser des reportages d’actualité en provenance du continent africain. Ces reportages effectués uniquement par des correspondants africains sont à destination des chaînes d’information africaines et internationales. Aujourd’hui Africa 24, TV5, CFI qui redistribuera nos reportages dans une soixantaine de pays du continent, et demain France 24, BBC, Al Jazeera…
Afrik.com : En quoi le paysage médiatique panafricain avait besoin d’une agence comme la vôtre ?
Joakim Afoutni : Les grands groupes médiatiques sont souvent en manque d’images du continent africain. Beaucoup préfèrent envoyer des correspondants qui couvriront des gros événements politiques ou autres, alors que l’actualité dans les pays d’Afrique se vit au jour le jour. Il y a un manque évident de contenus, ce qui empêche les chaînes de traiter en profondeur les informations en provenance du continent. Les mêmes images sont par conséquent reprises par tous les médias du Nord. L’idée d’Afrik.tv est née en partie d’un livre de notre président d’honneur, Hervé Bourges, intitulé Décoloniser l’information. On a gardé cette idée en tête, celle que les journalistes africains sont tout aussi capables que leurs confrères internationaux d’informer le monde sur ce qui se passe chez eux. Faire passer l’information des pays du Sud vers ceux du Nord correspond à une circulation plus naturelle de l’information. On se bat aujourd’hui contre tous les préjugés éditoriaux qui pénalisent le continent africain. A nous de prouver qu’Afrik.tv est non seulement une entreprise viable, mais aussi nécessaire dans le paysage audiovisuel.
Afrik.com : L’agence Afrik.tv est-elle déjà opérationnelle ?
Joakim Afoutni : Afrik.tv existe réellement depuis quelques mois. Mais nous travaillons sur le projet depuis deux ans. L’agence couvre, en dehors de son siège social à Paris qui se trouve dans les mêmes locaux qu’ Afrik.com, 11 pays africains pour l’instant. Chacun de nos correspondants dispose d’un bureau hébergé par des structures partenaires. Ce sont des journalistes reporter d’images, recrutés par nos soins et formés au mois de novembre dernier au Maroc. Ils ont entre 22 ans et 41 ans. Ils décident des sujets et j’assure la coordination et la mise en ligne sur le site professionnel. Leurs parcours sont différents mais ils ont en commun d’être motivés par le projet Afrik.tv. Leur matériel est de toute dernière génération, neuf, complet et opérationnel pour répondre aux qualités esthétiques indispensables pour vendre nos sujets à de grandes chaînes d’information.
Afrik.com : Comment avez-vous choisi ces pays ?
Joakim Afoutni : Le choix des 11 premiers pays s’est fait en nous appuyant sur nos différents réseaux. En particulier des leaders d’opinion influents qui nous ont aidés à nous implanter rapidement et à nous faire accepter. Par exemple, nous sommes basés au Sénégal dans les studios Thomas Sankara de l’artiste Didier Awadi, dans les locaux de l’artiste Smockey au Burkina Faso, au Congo RDC dans une société de production partenaire très innovante… Grâce à ces ambassadeurs, nous avons pu être très vite opérationnels. Ils s’inscrivent dans la même logique que les collaborateurs d’Afrik.tv : un désir de diffuser au maximum des images en provenance du continent africain, une envie d’apporter un regard différent sur l’actualité africaine et le souci de mutualiser les moyens disponibles. Nous sommes attachés à ce mot « mutualisation ». En dehors des forfaits achetés par les médias pour avoir accès à nos reportages – ce qui va financer la structure dont les journalistes sont salariés -, il est possible pour les professionnels de l’audiovisuel de commander des reportages, des formats magazine généralement. Dans ce cas, les recettes sont reversées en partie au journaliste qui réalise le reportage, et l’autre à l’ensemble des autres journalistes d’Afrik.tv. Nous allons fonctionner comme une coopérative.
Afrik.com : Afrik.tv est un média, tout comme Afrik.com, qui s’appuie véritablement sur le Net…
Joakim Afoutni : On se sert d’internet pour transmettre nos reportages aux chaînes. Il existe aujourd’hui un site bilingue anglais – français destiné aux professionnels baptisé Afrik.tv pro. Il a été créé pour répondre aux besoins des rédactions et des producteurs en demande d’images sur l’Afrique. Nos clients viennent sur le site avec un login dédié et téléchargent nos reportages directement. Grâce à un forfait annuel, ils ont un accès illimité à tous les reportages se trouvant sur le site, une vingtaine par semaine pour le moment. Les chaînes peuvent choisir les derniers reportages qui rendent compte de l’actualité africaine ou bien en télécharger plusieurs sur un même thème pour remonter à leur guise un nouveau reportage. Afrik.tv est donc à la fois une agence de presse et une banque de reportages et d’images.
Afrik.com : Quel est le coût d’accès à Afrik.tv pour les professionnels ?
Joakim Afoutni : Nos tarifs à l’année sont compris entre 15 000 euros, pour des sites Internet, et 60 000 euros pour des chaînes d’information continue. Nos prix varient en fonction de l’importance du média qui achète notre forfait. Nous sommes également en train de travailler sur la possibilité que des chaînes privées africaines mutualisent leurs efforts pour s’offrir un forfait.
Afrik.com : Le grand public pourra-t-il aussi accéder à Afrik.tv ?
Joakim Afoutni : Cette version d’Afrik.tv à destination des internautes verra le jour courant mars. Il sera une vitrine pour nos reportages, pour les innovations africaines en terme d’images et une plateforme incontournable pour les amoureux de l’Afrique. Nous sommes très fiers de nos sites qui sont le résultat d’un gros effort financier et d’une grande dose de créativité.
Afrik.com : C’était important d’annoncer la naissance d’Afrik.tv pendant le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) ?
Joakim Afoutni : Nous profitons du Fespaco, qui promeut les images d’Afrik depuis plus de 40 ans, pour rencontrer les professionnels et leur présenter Afrik.tv. Nos actuels et futurs clients y sont présents. C’est une tribune et l’occasion de nous faire connaître comme un futur acteur incontournable du paysage médiatique africain que nous ambitionnons de devenir.
lancement d’Afrik TV
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