L’histoire du cinéma africain retracé à travers près de 80 films, c’est le pari que s’est lancé la cinémathèque française qui, dans une rétrospective intitulée « Africamania », fait découvrir ou redécouvrir au grand public de grands cinéastes, du 17 janvier au 2 mars. Une manière de rappeler l’originalité et la puissance d’un continent cinématographique qui, faute de financements, tend à devenir le grand oublié du 7ème art. Dans un entretien accordé à Afrik.com, Olivier Père, le responsable de la programmation d’ « Africamania » revient sur l’importance de cet événement.
Le cinéma africain est-il mort ? Depuis le milieu des années 90, les films du continent, faute de financements, disparaissent peu à peu du paysage cinématographique. Afin de pallier à cette crise, la cinémathèque française organise du 17 janvier au 2 mars une rétrospective baptisée « Africamania ». Une manière de mettre à l’honneur le cinéma africain à travers près de 80 films. L’occasion de retrouver de grands auteurs comme Souleymane Cissé et de découvrir en avant-première des jeunes cinéastes contemporains. Outre les projections, des table-rondes animées par des spécialistes du 7ème art se tiendront à la cinémathèque pour rappeler l’originalité cinématographique du continent. Dans un entretien accordé à Afrik, Olivier Père, le responsable de la programmation d’ « Africamania », revient sur cet événement dédié à l’histoire du cinéma africain.
Afrik.com : Pourquoi avoir baptisé cette rétrospective « Africamania » ?
Olivier Père : En 1996, on avait fait une rétrospective sur le cinéma indien intitulée « Indomania ». On est parti de la même idée pour « Aficamania ». Pour nous, il était important de faire connaître d’autres cultures, d’autres problématiques à travers le 7ème art.
Afrik.com : Pourquoi avoir décidé de faire une rétrospective sur l’histoire du cinéma africain depuis la décolonisation ?
Olivier Père : Pour nous, il est évident que le cinéma africain était le grand absent des programmes de la cinémathèque française, des festivals et du 7ème art en général. On a voulu lui rendre hommage dans cette rétrospective baptisée « Africamania », en projetant les films africains qui ont marqué le paysage cinématographique et en faisant découvrir au grand public des œuvres de cinéastes méconnus. Il s’agit de retracer au travers de 80 films, 50 ans du cinéma africain, d’en retrouver des grands auteurs comme Sembene Ousmane, Gaston Kaboré, Souleymane Cissé et d’affirmer le talent d’un continent cinématographique. Il fallait redonner la parole au cinéma africain.
Afrik.com : Comment s’est opéré le choix des films ?
Olivier Père : Ce sont essentiellement des films d’Afrique subsaharienne, mais ils ne sont pas tous francophones. On voulait faire un panorama du cinéma africain. Il y a des films de cinéastes connus, de jeunes auteurs africains ou issus de la diaspora. On voulait faire quelque chose d’assez diversifié. Outre les projections, la cinémathèque française a mis en place des tables rondes animées par des spécialistes du 7 ème art pour discuter des films et du devenir du cinéma africain.
Afrik.com : Comment définiriez-vous le cinéma africain contemporain ?
Olivier Père : Les cinéastes contemporains traitent de la réalité sociale du choc entre la tradition et la modernité, du rapport entre la ville et la campagne. Maintenant, on voit de plus en plus émerger des sujets comme l’exil et la condition féminine surtout au sein des réalisateurs issus de la diaspora.
Afrik.com : Diriez-vous que le cinéma africain est en crise aujourd’hui ?
Olivier Père : Dans les années 80/90, le cinéma africain était bien représenté. Depuis quelques années, faute de financements, les films ne sont pas soutenus pas des grandes sociétés de distribution. M ais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de jeunes cinéastes de talent. Il y a plein de productions locales sur le marché cinématographique en Afrique. Le grand problème auquel se trouvent confronté la jeune génération d’auteurs est certainement l’absence de coproductions avec d’autres pays. Mais tout espoir n’est pas perdu.
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