Alain Vignard évoque dans nos bureaux Africabox TV, chaîne de télévision au concept original : elle offre depuis le 30 juillet aux diasporas issues d’Afrique subsaharienne un lien musical permanent avec leur culture d’origine. L’extension du projet à la Belgique est d’ors et déjà acquise, et des négociations ont lieu pour le marché étasunien.
C’est aux diasporas subsahariennes dans leur ensemble que s’adresse Africabox TV, basée en France et avec une antenne en Côte d’Ivoire. Extension d’un réseau de diffusion numérique de musique africaine, la chaîne entend combler un vide dans l’espace audiovisuel, et assurer la promotion de jeunes artistes du continent. Un mot d’ordre : le respect du droit d’auteur.
Afrik.com : Pouvez-vous nous présenter la chaîne en quelques mots ?
Alain Vignard : Africabox TV est une chaîne dédiée à la musique africaine. Nous diffusons 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 des clips de tous les genres, en français comme en anglais. Pour l’instant, nous nous adressons aux diasporas africaines de France, mais nous serons bientôt diffusés en Belgique et négocions déjà pour nous implanter aux Etats-Unis…
Afrik.com : Votre cible est subsaharienne et non panafricaine. Pourquoi ?
Alain Vignard : L’Afrique du Nord offre une cible radicalement différente au plan culturel. Cela ne correspond pas à nos ambitions premières.
Afrik.com : Et d’où est venue l’idée de créer Africabox TV ?
Alain Vignard : Nous sommes partis de notre projet Africabox de distribution numérique de musique africaine. La société vise à fournir aux grandes plateformes de téléchargement légales (iTunes et autres) le contenu des albums. Nous avons eu l’idée de créer un outil de communication pour la musique que nous promouvons. Et notre motivation a été renforcée quand nous nous sommes rendus compte qu’aucune chaîne d’une telle catégorie n’existait.
Afrik.com : A combien de téléspectateurs estimez-vous votre audience potentielle ?
Alain Vignard : En théorie, 5 ou 6 millions de personnes seraient susceptibles de nous suivre en France. Notre objectif est de parvenir à réunir 1 à 2 millions d’abonnés d’ici un an. C’est tout à fait réaliste, au vu du nombre de personnes qui recourent au service de Free, sans compter Orange et SFR où nous serons bientôt diffusés.
Afrik.com : Justement, comment se fait l’abonnement ?
Alain Vignard : Nous occupons le canal 289. Il suffit de saisir le code déterminé lors de l’abonnement à la Freebox pour commencer à regarder nos émissions. Les opérateurs ne permettent pas de proposer des tranches horaires en clair par opposition à la diffusion cryptée, ndlr], mais une douzaine de clips sont d’ors et déjà disponibles sur notre [plate-forme YouTube
Afrik.com : Vous affichez votre respect du droit d’auteur…
Alain Vignard : Oui, nous préférons jouer le jeu de la loi. Nous ne diffusons pas de clip de façon pirate sur YouTube, par exemple. Nous passons des accords de diffusion numérique avec l’artiste ou ses représentants. Et au niveau de la chaîne, nous déclarons tout ce que nous diffusons à la SACEM [société française chargée de la gestion des droits d’auteurs, ndlr].
Afrik.com : Comment avez-vous réussi à financer la chaîne ?
Alain Vignard : Une société privée a accepté d’investir un demi-million d’euros dans Africabox TV. Ce qui nous a permis de nous lancer, avec une équipe de 8 personnes. Notre filiale d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, se charge de la production et de l’habillement graphique, tandis que le siège de Paris se charge de la diffusion. Nous comptons dégager des recettes principalement par les abonnements. Seules quelques publicités sont prévues, nous comptons en limiter la quantité avec une coupure par heure au maximum.
Afrik.com : Quel est le principe des émissions ?
Alain Vignard : Chaque émission est porteuse d’un thème, qui détermine la catégorie de clips à diffuser. Nous sommes en particulier très fiers de l’émission « Rétro », où nous diffusons des clips des années 1950 à 1970. Aucune autre chaîne ne fait ça !
Afrik.com : Et comment choisissez vous les clips à mettre à l’antenne ?
Alain Vignard : Nous choisissons avec soin les clips que nous diffusons, et nous tenons à les diffuser sans faire payer les artistes, contrairement aux grandes chaînes de musique du type MTV. Les clips sont sélectionnés uniquement en fonction de la qualité de la musique et de la réalisation. Nous ne voulons pas des « clips de garage », il faut que ce soit agréable à regarder. Et puis nous faisons attention à ne pas diffuser d’obscénités.
Afrik.com : En parlant d’éthique, j’ai vu que vous aviez une émission religieuse. C’est assez étonnant !
Alain Vignard : Oh, il ne s’agit pas de diffuser des sermons ! Nous voulons simplement évoquer l’importance de la musique spirituelle dans la culture africaine, avec par exemple du gospel ou des chants à teneur religieuse…
Afrik.com : Vous semblez d’ailleurs ne pas miser sur des émissions en plateau. Pourquoi ?
Alain Vignard : Eh bien, nous n’y pensons pas pour l’instant. Trop de chaînes le font, nous préférons coller à la simplicité de notre concept. Quelqu’un qui rentre chez lui après une journée de travail n’a pas forcément envie d’écouter un interminable blabla… Nous comptons bien diffuser un bref journal de 5 minutes, mais sur les artistes, les concerts à ne pas manquer, etc. Pas sur la politique.
Pour plus d’informations :
Le site d’Africabox TV